Se laisser porter par les éléments, s’ouvrir à la diversité des décors, sortir de sa zone de confort...
Une inspiration portée par de nombreux inconditionnels de l’or blanc sous sa forme la plus pure et la plus vierge chaque année. À la recherche de la pow pow tant rêvée, certains freerideurs n’hésitent pas à parcourir les kilomètres dans l’espoir d’effleurer le
Saint-Graal, des spots où la liberté de créer sa ligne côtoie l’indépendance et le bonheur à l’état pur. Voyage au cœur d’un monde de nomades sans limites.
Cette année 2020 n’aura pas été sans conséquence sur notre rapport à la notion de liberté.
Une notion qui prend, sans nul doute, plus de sens lorsqu’on en est privé. Une notion qui, aujourd’hui, ne veut plus forcément dire « libre de partir loin » mais simplement « libre de s’évader » même à quelques kilomètres de chez soi.
Qu’ils soient adeptes de la glisse nomade dans sa version la plus « roots », nouveaux convertis à l’exode hivernale le temps d’une courte escapade ou riders engagés soucieux de leur impact carbone, la quête d’un spot de freeride idéal est à tous leur point commun.
Les Puristes
Ce sont les « Roots ». Ceux qui vivent, respirent, transpirent la glisse. Ceux qui n’hésitent pas à vivre isolés en montagne, au plus près de leur terrain de jeu favori. Ceux qui ont un van aménagé, leur meilleur pote, véritable temple dédié à leur vie de nomade et au voyage, qui les emmène au cœur de l’action, vers les sommets enneigés.
Mike Basich est l’un d’eux. Cet ancien snowboardeur professionnel a troqué un jour sa vie d’opulence pour une vie plus simple et authentique.
Hybride entre un van, un camping-car et un véhicule utilitaire non identifié, la maison roulante de Basich est un véritable cocon de confort tant elle est équipée. Personnalisé à l’extrême, ce camping-car n’a rien d’ordinaire. Des panneaux solaires fixés sur le toit, un Tommy Gate placé à l’arrière pour soulever une moto neige et la rentrer à l’intérieur, une terrasse et un auvent pour profiter du grand air, une trappe secrète sur le sol avec une baignoire pour profiter de la vue…
Son «œuvre» lui a demandé 4 semaines de travail, à raison de 16 h chaque jour. Un travail intensif pour un résultat digne d’un nomade de la glisse, un vrai!
Dans le même genre, il y a Austin Smith. Et là, attention les yeux avec le plus stylé des camions aménagés! Austin est un snowboardeur pro comme Basich, la planche à neige est donc également l’élément central de sa vie. Pas étonnant, en ce sens, de mettre toute son âme et toute sa passion dans la restauration d’un véhicule censé l’amener où la poudreuse l’appelle.
Pour Smith, c’est un camion de pompier GMC datant de 1953 qui a servi de base à la fabrication de sa tiny house. En remplaçant le moteur à l’arrière, il a ainsi pu créer un véritable camp de base pour se poser et récupérer entre deux sessions freeride. Un travail exceptionnel et une volonté à toute épreuve pour un résultat en accord avec les principes du rider.
La quête d'un spot de freeride idéal est à tous leur point commun
Les Opportunistes
Qu’ils soient riders pros ou simples passionnés de montagne, ils traquent l’opportunité de fouler les sommets avec les meilleurs conditions possibles. Ces « opportunistes » ne partent néanmoins pas sur un coup de tête, ils préparent leur voyage, regarde la météo, décrypte les conditions d’enneigement, s’assurent d’avoir bien tout le matériel nécessaire à leur virée, bref ils prévoient leur escapade pour être sûrs de rentabiliser ce temps si précieux qu’ils ont réussi à dégager dans leur quotidien. D’abord pour la joie du freeride et de la poudreuse, ensuite pour pouvoir revenir la tête pleine de souvenirs impérissables et de clichés à faire pâlir leur entourage ou leurs fans pour les pros.
Ces derniers s’embarquent, bien entendu, dans cette aventure par passion mais aussi dans l’espoir de ramener les images capables de faire rêver leur public. Parmi eux, Ahmet Dadali nous fait voyager dans des spots européens, à bord de son van, à la rencontre de locaux qui présentent leur terrain de jeux, toujours à la recherche de sensations fortes et surtout de glisse extrême. La websérie The Euro Van Venture retrace ainsi ces expéditions au coeur de la glisse hivernale.
On se souvient également d’Aline Bock et Anne-Flore Marxer, parties sillonner les routes et les pentes d’Islande à la recherche de neige fraîche mais aussi, de témoignages sur la place des femmes dans ce pays. Une escapade unique retranscrite dans le film A Land Shaped by Women.
Mais ceci n’est pas l’apanage des riders pros puisque la tendance se démocratise et touche aujourd’hui quiconque rêve de poudreuse et de liberté. D’ailleurs, on parle dernièrement largement de micro-aventures, où chacun peut écrire sa propre histoire non loin de chez lui.
Florian Keller et Sophie Mayoraz sont partis l’hiver dernier en van dans les Aravis pour vivre ce genre d’expérience en collab avec MK sport. Avec leur véhicule Blacksheep, ils ont passé un week-end, entre ski de rando et splitboard. 19 km parcourus, 2100 m de dénivelé, une fondue et un ciel étoilé plus tard, ils n’avaient qu’une envie : repartir pour une nouvelle aventure !
Les Engagés
Pour eux, une bonne session freeride, ce n’est pas seulement leurs skis dans la pow pow, c’est aussi et surtout un engagement envers une pratique responsable dont l’impact sera le plus léger possible sur la nature qu’ils aiment tant. Jéremy Jones est un des convertis de la première heure. En fondant l’association POW - Protect Our Winters, il a souhaité alerter le monde sur les répercussions catastrophiques de l’activité humaine sur l’évolution des conditions en montagne.
Le rider milite au quotidien pour une prise de conscience tant au niveau des pouvoirs publics qu’au niveau de chaque pratiquant.
Mat Schaer poursuit également cette ligne de conduite. Le snowboardeur pro suisse qui autrefois voyageait à travers le monde pour tracer sa ligne, se déplace maintenant quasiment essentiellement dans les Alpes à pieds, en train ou en vélo. Un investissement de chaque instant pour une philosophie personnelle mise en lumière notamment dans son film Shelter paru en 2019. (Voir l'Interview de Mat Schaer dans un autre article).
Des prises de conscience sont palpables dans toute la communauté des passionnés de glisse. L’urgence climatique et la crise sanitaire que nous vivons actuellement ont précipité des actions globales mais aussi individuelles, transformant la pratique de certains, notamment au niveau du transport vers les sommets enneigés.
Une évolution qui devrait encore s’accélérer dans les prochains hivers, poussant chacun à envisager différemment le freeride et à reprendre possession d’un terrain de jeu de proximité.
En effet, nul besoin de s’exiler aux USA, au Canada ou au Japon pour trouver un spot idéal. L’Europe regorge de lieux où les sessions freeride valent le détour. Difficile de tous les citer, parce que même la plus petite montagne possède son secret spot, pour peu que la neige soit au rendez-vous, mais on en a listé quelques uns des plus reconnus. Visite guidée dans l'article LES SPOTS FREERIDE À TESTER EN EUROPE.
OLIVIA BERGAMASCHI