Issue de la nouvelle génération, Charlotte Hym est une skateuse émérite, qui n’a pas froid aux yeux. Sponsorisée, reconnue et félicitée, elle voyage aujourd’hui partout dans le monde pour skater. La rideuse se prépare aussi aux qualifications des JO où le skate fera son entrée en 2020.
À quel âge as-tu commencé le skate? Tes débuts au sein de ce sport très masculin ont-ils été difficiles ?
J’ai commencé dans les rues de Paris vers l’âge de 12 ans. J’allais skater sur le boulevard devant chez moi avec des amis après les cours et le week-end. L’intégration n’a pas vraiment été compliquée. Les gens ne faisaient pas réellement attention au fait qu’il y ait une fille dans le groupe. Il est vrai que quand j’arrivais sur les spots, j’étais régulièrement la seule fille…mais ça n’avait pas d’importance pour moi.
As-tu constaté une évolution des mentalités dans le milieu sur la pratique féminine ?
C’est super de voir qu’il y a de plus en plus de filles qui commencent le skate. On en voit de tous âges se motiver et s’y mettre. Le niveau est en constante évolution et c’est très positif. Conscientes de cela et de l’arrivée du skate aux JO, les marques se rapprochent de ces skateuses et les intègrent dans leur team. Je pense que les réseaux sociaux participent également à cet engouement, cela permet à des filles qui n’osent pas se lancer, de prendre exemple sur des pros qui rident partout dans le monde.
En 2020, une femme peut-elle réussir dans le skate en comptant juste sur ses talents et non son physique ?
Je pense que pour réussir dans le skate, il faut se démarquer, que l’on soit une femme ou un homme. Il y a plusieurs façons de le faire, que cela soit par le niveau, la créativité, l’originalité ou le style. Certaines filles jouent sur l’image, mais il faut savoir que c’est également le cas chez les hommes. Si on parle de « réussir » sur Instagram, on peut effectivement trouver des skateuses qui se reposent sur leur image. Si on parle de réussir dans le milieu du skate, passer dans les magazines de skate, intégrer une team, alors les marques s’intéressent plus à la façon de skater et au style de la personne. De nos jours, les réseaux sociaux peuvent également avoir un rôle important dans la réussite.
Que penses-tu que les JO apporteront au skate? Et plus particulièrement aux skateuses ?
Les JO vont apporter une grosse visibilité au skate. Le fait d’être diffusé sur des chaines grand public va certainement motiver beaucoup de jeunes à se lancer. On y retrouvera autant de femmes que d’hommes, des skateuses et skateurs ridant partout dans le monde, qui prouveront que tout le monde peut se lancer. Cela va peut-être aussi aider à changer l’image de la pratique, plus positive. Par exemple, il existe encore des villes en France dans lesquelles il est interdit de se déplacer en skate…
Comment se passe ta préparation aux qualifications des JO ?
Je viens de finir une thèse en neurosciences donc je suis enfin libre de skater tout le temps. Pour préparer les compétitions, je vais au Cosanostra Skatepark à Paris. Sinon, je voyage pour pratiquer sur des endroits différents. Je vais bientôt rentrer dans une grosse période de compétitions, jusqu’à fin mai, en vue de me qualifier pour les JO. En skate, il y a les catégories Bowl et Street avec 20 places hommes et 20 places femmes dans chacune. Dans les 20 qualifiés, il faut un maximum de 3 représentants par pays et au moins un représentant de chaque continent. La sélection est donc très serrée !
Quelles sont, pour toi, les initiatives qui font évoluer la pratique féminine dans le bon sens ?
Petit à petit, le skate féminin prend sa place. Ces dernières années, de plus en plus de marques ont intégré des filles dans leur team pro. Dans les magazines, on voit également plus souvent des skateuses. Au niveau des compétitions, beaucoup ont intégré une catégorie femme. On observe également de plus en plus de compétitions avec une répartition du prize money égale entre hommes et femmes, c’est le cas du championnat de France par exemple.
Et les domaines où il y a encore du travail ?
Je pense que les choses sont en train de bouger dans le bon sens. S’il y a toujours eu un décalage homme/femme dans le skate, c’est que pendant longtemps, il n’y avait que très peu de skateuses. Le business ne s’est donc pas orienté vers le skate féminin. Ce nombre étant en constante évolution avec le niveau général qui ne cesse d’augmenter, je suis sûre que ça va changer positivement.
Quelque chose à ajouter ?
Dans le skate, on trouvera toujours de la diversité et c’est ce qui le rend intéressant.
Olivia Bergamaschi