De Brest au Tourmalet, en passant deux fois par le mont Ventoux, le Tour de France sera bien différent de celui de l’édition 2020. Dévoilé en novembre dernier, le parcours de la 108e édition qui se déroulera du 26 juin au 18 juillet apparaît moins montagneux et comprendra deux contre-la-montre. Un parcours qui ne favorise pas tous les grimpeurs du peloton.
Le Tour de France de cyclisme démarre le samedi 26 juin 2021. Les coureurs devront parcourir 3 383 kilomètres de Brest à Paris avec deux contre-la-montre. Le peloton gravira deux fois le Mont Ventoux lors de la 11e étape de la Grande Boucle, selon le parcours dévoilé dimanche 1er novembre 2020.
La Bretagne à l’honneur
Initialement prévu à Copenhague, c’est à Brest que le Tour fera son départ pour la quatrième fois de son histoire. Les deux premières étapes correspondront parfaitement aux cyclistes « puncher » avec des arrivées à Landerneau (Finistère) et à Mûr-de-Bretagne (Côtes-d’Armor). Le champion du monde Julian Alaphilippe aura l’opportunité d'endosser le maillot jaune dès la 2e étape avec une arrivée à Mûr-de-Bretagne qui correspond parfaitement à ses qualités. La 3e étape entre Lorient et Pontivy, devrait être assez animée. L'arrivée à Fougères marquera la fin de la parenthèse bretonne et semble davantage destinée aux sprinteurs.
Deux contre-la-montre individuels
Le Tour renoue avec sa tradition oubliée de deux contre-la-montre individuels. Après ces quatre premières étapes en Bretagne, les coureurs disputeront en Mayenne le premier contre-la-montre individuel de cette Grande Boucle 2021. D'une longueur de 27 kilomètres et reliant Changé à Laval, ce chrono « purs rouleurs » devrait donc permettre à des hommes forts de prendre position d’entrée au classement général. Un classement certainement contesté par les grimpeurs à l'occasion des deux étapes alpestres, avec une arrivée au Grand-Bornand et sur les hauteurs de Tignes.
Le second contre-la-montre se déroulera la veille de l’arrivée sur les Champs-Elysées dans les prestigieux vignobles du Bordelais entre Libourne et Saint-Emilion, le 17 juillet. L’ultime occasion pour les rouleurs bien placés au général de renverser le classement s'ils ont bien passé la montagne sans trop de secondes perdues.
Le Mont Ventoux, plutôt deux fois qu’une
Après une semaine de plaine, dévolue aux sprinters, le peloton prendra la direction des Alpes le 3 juillet, au 8ème jour de course, pour seulement trois étapes. Des échappées solitaires devraient se disputer les victoires d’étape puisque le classement général ne se jouera sans doute pas si tôt. L’Alpe d’Huez ne sera pas au programme pour la troisième fois de suite.
La première étape aura lieu entre Oyonnax et le Grand-Bornand, lieu de la première victoire de Julian Alaphilippe en 2018, glanant le maillot à pois. A cette occasion, le peloton parcourra 151 km bien accidentés, passant 5 côtes comptant pour le classement de la montagne. Le lendemain, le parcours emmènera les coureurs de Cluses à Tignes par de vraies routes de montagne. Ce sera la seule arrivée au sommet dans les Alpes. Pas moins de 5 grands cols sont au programme dont la côte de Domancy (un classique dur du Tour avec ses 2,5 km à 9,7%) ou encore le col du Pré (13,1 km à 7,4%) avant d’emprunter la longue montée vers Tignes (21,1 km à 5,6%).
La première journée de repos du Tour aura lieu le lundi 5 juillet à Tignes. Le lendemain, les coureurs feront la liaison entre Albertville et Valence sur 190 km. Une étape de transition qui devrait permettre le départ de quelques échappées. Le final sera sans doute propice aux arrivées au sprint.
Le Ventoux sous toutes ses faces, Christian Prudhomme
C’est la grande nouveauté de ce Tour de France 2021. Mercredi 7 juillet, entre Sorgues et Malaucène, le Tour reviendra au Ventoux pour la première fois depuis 2016. Mais le parcours sera inédit avec une double ascension de ce col emblématique. Le « Mont Chauve » sera grimpé une première fois à partir de Sault (24,3 km à 5%), puis dans son intégralité sur le versant sud à partir de Bédoin (la montée classique – 15,7 km à 8,8%) après la descente par le côté nord.
Le Maillot Jaune se jouera dans les Pyrénées
Bien timide sur l’édition 2020 au profit des Alpes, les Pyrénées reviennent en force cette année. Le peloton abordera trois nouvelles étapes de transition à Nîmes, Carcassonne et Quillan, où les attaquants voudront à tout prix prendre la bonne échappée.
La première vraie étape Pyrénéenne aura lieu entre Céret et Andorre la Vieille. Une belle étape où les baroudeurs se disputeront les points de la montagne. Quatre cols sont au programme dont la montée du Mont-Louis (8,5 km à 5,7%), le col de Puymorens (5,8 km à 4,7%), le Port d’Envalira (10,7 km à 5,9%) et le col de Beixalis (6,4 km à 8,5%). Lundi 12 juillet, les coureurs resteront sur la principauté d’Andorre pour la seconde journée de repos. Le lendemain, les coureurs reprendront la route entre le Pas de la Case et Saint-Gaudens. Bien que tracé au cœur des Pyrénées, le profil de cette étape sans difficulté de haute montagne pourrait favoriser les échappées plutôt que les purs grimpeurs.
Le mercredi 14 juillet sera un véritable feu d’artifice en altitude avec trois grandes difficultés recensées. L'arrivée au Col du Portet, pour la deuxième fois depuis 2018, constituera LE sommet de ce passage dans les Pyrénées. L'ascension de 16 km était devenue l'arrivée en altitude la plus haute (2 215 m) de l'histoire du Tour de France dans le massif pyrénéen. Après 100 km de plaine, le peloton s'attaquera aux très rudes pentes des cols de Peyresourde (13,2 km à 7 %), de Val-Louron (7,4 km à 8,3 %) et enfin du Portet (16 km à 8,7 %). Pour les favoris, il s’agira de répondre présent. Pour les sprinters, de finir dans les délais. Pour tous les autres corps fatigués, accepter de souffrir.
Le 15 juillet se jouera la dernière étape de montagne de ce Tour 2021 et pas des moindres. La montée à Luz Ardiden (13,3 km à 7,4 %) sera la principale difficulté de cette journée au départ de Pau, sans oublier le Col du Tourmalet (2 115 m) où un certain Thibaut Pinot s’était imposé lors de la 14e étape du Tour de France 2019.
Enfin le 18 juillet, le peloton terminera avec la traditionnelle étape menant aux Champs-Elysées. L’étape ultime où chaque sprinter rêve de s’imposer.
A une semaine du grand départ, où en sont les différents favoris ?
Ce parcours 2021 devrait davantage être favorable à l’équipe Jumbo-Visma (Primoz Roglic, Wout Van Aert, Tom Dumoulin), le dernier vainqueur de l’édition 2020, Tadej Pogacar plutôt que les Ineos même si la formation anglaise pourra compter sur ses hommes forts, Richie Porte, récent vainqueur du Critérium du Dauphiné et Geraint Thomas sans oublier Richard Carapaz. Alors que certains ont préféré courir sur le Critérium du Dauphiné, d’autres ont choisi le Tour de Suisse. L’occasion de voir où en sont les différents favoris qui prétendront à passer la ligne en jaune sur les Champs-Elysées.
Tadej Pogacar se prépare sur ses terres
L’année 2020 aura été exceptionnelle pour Tadej Pogacar. Le grimpeur slovène s’est adjugé le Tour de France 2020 et a terminé second du classement UCI (Union cycliste internationale). En avril dernier, il a remporté Liège-Bastogne-Liège devant deux Français, Julian Alaphilippe et David Gaudu. Dans un premier temps annoncé du côté du Critérium du Dauphiné (30 mai - 6 juin), le vainqueur du Tour de France 2020, Tadej Pogacar, a finalement préféré se préparer chez lui, sur le Tour de Slovénie (9-13 juin). Une course que le coureur de la formation UAE a aisément remportée dimanche 13 juin.
Le jeune coureur de 22 ans a effectué divers stages en France et en Andorre pour se familiariser avec les prochaines étapes de la Grande Boucle. Candidat sérieux à la victoire finale, il sera le leader de l’équipe UAE pour le Tour 2021. Seule question que tout le monde se pose : son équipe sera-t-elle assez solide pour le protéger des attaques d’Ineos et de la Jumbo-Visma ? Réponse le 26 juin prochain.
Primoz Roglic, le pari risqué
Il ne fera aucune course avant le Tour. Primoz Roglic a fait le choix de ne pas courir entre Liège-Bastogne-Liège et le Tour de France, cette année. Le double vainqueur du Tour d’Espagne ne s'est pas montré sur le Dauphiné, de même que sur le Tour de Suisse. Un choix qui s’explique par le fait que le Slovène souhaite arriver frais à Brest, le 26 juin et enchaîner avec les Jeux olympiques. Un pari risqué où il sera en manque de rythme au départ de la course la plus difficile au monde. Toutefois, le deuxième du dernier Tour de France est l’un des grands favoris de cette édition 2021 et est parfaitement capable d’arriver en forme rapidement, sans devoir engranger des kilomètres de préparation.
Marqué au fer rouge après avoir perdu son maillot jaune sur la Planche des Belles Filles, 48 heures avant la fin du Tour, nul doute que le Slovène aura envie de prendre sa revanche sur son compatriote, Tadej Pogacar.
Ineos monte en puissance
Encore une course gagné pour l’équipe Ineos. La formation britannique est en mode « rouleau compresseur » en ayant remporté le Tour de Suisse par l’intermédiaire de Richard Carapaz, dimanche 13 juin. Le coureur équatorien a remporté le classement général devant Rigoberto Uran (EF Education) et Jakob Fuglsang (Astana-Premier Tech). L’équipe britannique a donc remporté les deux grandes courses qui précède le Tour de France avec le Critérium du Dauphiné gagné par Richie Porte. A 36 ans, l’Australien s’est imposé pour la première fois dans le Dauphiné, quatre ans après avoir laissé échapper la victoire le dernier jour. Reste à savoir qui de ces hommes en forme endossera le rôle de leader sur le Tour.
Ce qu’on veut, c’est gagner le Tour de France, Richard Carapaz
Après avoir donné le leadership à Egan Bernal sur le Giro, à Tao Geoghegan Hart sur la Vuelta, c’est Geraint Thomas qui devrait bénéficier de la confiance de son équipe, lui qui aura à cœur de remporter un second Tour de France après celui de 2018. Le récent 3ème du Dauphiné va devoir répondre présent rapidement s’il ne veut pas voir un autre coéquipier prendre sa place. Ce qui est sûr, c’est que l’équipe britannique va se présenter avec une véritable armada à Brest pour soutenir le Gallois avec le lauréat du Giro 2020, Tao Geoghegan Hart, le vainqueur du Dauphiné 2021, Richie Porte, l’homme en forme du Tour de Suisse 2021, Richard Carapaz, sans oublier les lieutenants qui vont certainement répondre présent tels que Dylan Van Baarle ou Michal Kwiatkowski.
Un Français en jaune à Paris ?
Côté français, après avoir vécu de cruelles désillusions ces dernières années, Thibaut Pinot ne s'alignera pas sur le Tour de France cet été. Le coureur franc-comtois a jugé le parcours défavorable à ses qualités de grimpeur. Il espérait pouvoir participer au Giro 2020 mais ses douleurs au dos l’empêchent d'exprimer pleinement son potentiel sur le vélo. Tout comme son compatriote, Romain Bardet ne sera pas non plus sur les routes du Tour. Le grimpeur de l’équipe DSM justifiait son choix de ne pas participer au Tour de France en soulignant sa volonté d'atteindre son pic de forme à Tokyo (qu’il ne disputera pas). Des plans qui ont quelque peu changé après sa septième place au classement général du Tour d'Italie. Le Français a choisi de miser sur la prochaine Vuelta (14 août - 5 septembre), où il sera vraisemblablement le leader de l'équipe allemande qu'il a rejoint l'hiver dernier.
Alaphilippe est le seul Français qui peut gagner le Tour de France, Christian Prudhomme
Les Français auront donc un œil sur Julian Alaphilippe. Le coureur de la Deceuninck Quick-Step est le Français qui a le plus ses chances de remporter le Tour de France même si celui-ci se focalisera sur les victoires d’étape. Ancien maillot jaune du Tour, il avait malheureusement perdu son maillot lors de la 19ème étape de l'édition 2019, après l'avoir porté pendant 14 jours et remporté deux étapes. Le champion du monde en titre s’était classé second du contre-la-montre qui constituait la 7ème étape du Tour de Suisse, samedi 12 juin. Classé à la 3ème place du classement général, à 39 secondes du maillot jaune Richard Carapaz, Julian Alaphilippe a été contraint d’abandonner la course pour rejoindre sa compagne Marion Rousse et assister à la naissance de leur garçon. L’homme qui porte le maillot arc-en-ciel sera-t-il capable de ramener le maillot jaune jusqu'à Paris ?
David Gaudu, un Français à suivre pour le général
Les espoirs français reposeront peut-être sur cet homme. Le grimpeur de la FDJ impressionne en ce début de saison après sa neuvième place et son maillot blanc sur le Dauphiné. Grâce à cette performance, le Breton vient d’intégrer le top 15 mondial des meilleurs cyclistes, dans le classement de l’Union cycliste internationale. Sans oublier sa victoire sur l'étape reine du tour du Pays-Basque devant Tadej Pogacar et Primoz Roglic ainsi que sa 3ème place sur la doyenne des classiques, Liège-Bastogne-Liège. David Gaudu est en pleine forme et montre qu’il est capable de tenir face aux meilleurs grimpeurs du peloton. En l’absence de Thibaut Pinot, il abordera la Grande Boucle pour la première fois dans la peau d’un leader. Agé de seulement 24 ans, le natif du Finistère devra confirmer pendant le Tour de France cette année.
Quant à Guillaume Martin, il s’est imposé pour sa reprise sur la Mercan’Tour classic, le 24 mai. Parti favori, le Normand a remporté sa première course sous les couleurs de Cofidis. Néanmoins, il a réalisé un Critérium du Dauphiné bien décevant en terminant à la 20ème place, lui qui avait annoncé viser le général en début d’épreuve. Cela fait maintenant deux ans que Guillaume Martin échoue aux portes du top 10 du classement général de la Grande Boucle. Le meilleur grimpeur de la Vuelta connaît ses faiblesses notamment dans l’exercice chronométré qui pourrait lui porter préjudice dans son éventuelle quête du maillot jaune. On espère alors le revoir en forme sur le départ du Tour. Le Français effectuera un stage dans le Jura afin de reprendre sa préparation en vue des Championnats de France, le 20 juin, à Epinal avant de s’élancer de Brest le 26 juin.
Une victoire d’étape pour Pierre Rolland ?
Placé à la 29ème place du Critérium du Dauphiné, Pierre Rolland compte bien décrocher une nouvelle victoire sur le Tour après celles de 2011 et 2012. Le coureur de 34 ans a fait une croix sur le général préférant « lever les bras en franchissant la ligne en premier ». Un objectif surement partagé par son compatriote, Warren Barguil. Le champion de France sur route en 2019 a peu de chances de terminer sur le podium. Et pour cause, il n’est pas le leader désigné par l’équipe française Arkea-Samsic au profit du Colombien Nairo Quintana, pour jouer le général. Recruté pour épauler son leader, le Morbihannais peut malgré tout s’avérer être une réelle roue de secours en cas de défaillance de Quintana. En 2017, il avait remporté le maillot à pois et 2 étapes du Tour de France. Les deux années suivantes, il avait fini à la 10ème et 17ème place.
A noter qu'Arnaud Démare (Groupama-FDJ) va effectuer son grand retour sur le Tour de France après deux ans d'absence et aura plusieurs occasions de jouer sa chance au sprint.
Par Tristan Ozouf