L'EXPÉDITION
Le 10 août dernier, Jean Rouaux quitte Chamonix à vélo, déterminé à parcourir des milliers de kilomètres jusqu'au Népal. Son objectif est net : atteindre l'Ama Dablam, la plus belle montagne du monde, et faire de son ascension l'apogée de son périple.
LE CARNET DE VOYAGE
Au fil des kilomètres parcourus, le baroudeur tient son journal de bord, y notant chaque jour ses progrès, ses émotions et ses péripéties : “Je suis passé par la douane « piéton », j’ai suivi un long tunnel mystérieux jusqu’aux scanners et portiques. Mon vélo n’a cependant pas été passé au peigne fin. On m’a seulement demandé si j’avais beaucoup d’argent.. j’ai répondu « only twenty », les gardes ont bondi en pensant que j’avais 20.000 dans la poche! Je leur ai montré mon billet de 20 et on a bien rigolé.”
À chaque pays exploré, chaque nouvelle étape sur un territoire inexploré se mue d'une page vierge, se remplissant de récits de découvertes et d'expériences.
LES PAYS
- Italie 🇮🇹
- Croatie 🇭🇷
- Serbie 🇷🇸
- Bulgarie 🇧🇬
- Turquie 🇹🇷
- Georgie 🇬🇪
- Kazakhstan 🇰🇿
- Uzbekistan 🇺🇿
- Tadjikistan 🇹🇯
- Chine 🇨🇳
- Pakistan 🇵🇰
- Inde 🇮🇳
- … et le Népal🇳🇵
LE NÉPAL
Après plus de deux mois de vélo à travers les continents, Jean arrive enfin à sa terre promise. Au loin, les imposants sommets himalayens se profilent à l'horizon.
“Après seulement quelques kilomètres, j’ai patienté un petit moment dans l’attente de mon coup de tampon sur le passeport côté indien, j’avoue que le temps est passé vite: diverti par les singes autour du bâtiments sautant de branches en branches…” Enfin arrivé au Népal, Jean obtient son visa, un visa de seulement 30 jours, qu’il compte bien utiliser à bon escient pour atteindre les 6 812 m du sommet népalais. Commence alors une épopée dans ce pays aux marches qui mènent au paradis : “Vous allez me prendre pour un fou, mais je n’ai rien planifié niveau itinéraire ! J’ai simplement regardé la carte ce matin dans le bureau de l’officier.. et comme je n’ai pas encore acheté de carte SIM, je ne peux pas regarder sur le gps. Je ne m’attendais pas à ce qu'aucun des panneaux ne soit en anglais, ce qui rend la tâche encore plus difficile, leur alphabet est complètement illisible !”
Une aventure jusqu’au bout du monde où s’adapter devient crucial. Entre des conditions difficiles, un corps mis à l'épreuve, des pays aux coutumes bien éloignées des nôtres et des chaussées tout sauf adaptées à la pratique du vélo “de route”, Jean a relevé son défi haut la main et pourtant une dernière case restait à être cochée.
“J’ai commencé à marcher vers l’Ama Dablam ! Comme le disent les panneaux: Way to Everest
Après 60 jours à pédaler, le corps et surtout les jambes sont mises à rude épreuve et les kilomètres deviennent douloureux : “C’est très frustrant, j’aimerais réaliser le double de ce que je fais en distance. Je me sens tellement fort mentalement. La marche c’est fastoche: Le temps passe vite, c’est confortable, et c’est bucolique. Mais mon corps m’empêche d’aller chercher ces kilomètres en plus !”
Les Népalais et la culture unique de ce pays inspirent Jean, mais au fil des jours, les marches d'approche deviennent de plus en plus pénibles. Le verdict tombe : une bactérie affaiblit encore davantage son métabolisme déjà éprouvé par les milliers de kilomètres parcourus, compromettant ainsi l'ascension : “Si mon corps ne peut pas me porter jusqu’en haut de la montagne, je préfère me résoudre à accepter cet échec, plutôt que de tenter par d’autres moyens. Je m’incline humblement face à ce géant insaisissable, dans ce milieu dont le contrôle sur les éléments nous échappe. Après avoir roulé à travers l’Europe, les déserts d’Asie Centrale, les montagnes du Pamir et du Karakoram, la pollution et la circulation anarchique d’Asie du Sud. Me voilà au pied de cette montagne, pic mythique dont j’ai prononcé le nom des centaines de fois dans mes vidéos. Mais c’est la fin du voyage, je termine ce périple à sa base et non pas à son sommet.”
“Que vaut la gloire de se tenir en haut de cette montagne face à la richesse d’une aventure à travers le monde pour la rejoindre ?”
Récit de Jean Rouaux, édité par Eloïse Picard