Le Rise Up Collective est un espace de créativité où les photographes ont carte blanche pour s’exprimer. Un moment de liberté créative offert à trois photographes : Jérémy Bernard, Andres Beregovich et Matt Georges.
La montagne est une page blanche pour les alpinistes, les randonneurs, skieurs et grimpeurs. Ils l’explorent en in ventant de nouveaux chemins, toujours plus surprenants. Les témoins de ces aventures sont les photographes. Nous leur donnons la parole avec le collectif Rise Up. Le seul mot d’ordre est de secouer la créativité, exciter le nerf optique, questionner les sens et la verticalité. Nous avons choisi de vous présenter le travail de Matt Georges, une session entièrement analogique…
La photographie est une question de lumière. Et aussi de matière. La matière ? C’est le film argentique qu’on glisse dans le dos de l’appareil photo, et, des jours plus tard, qu’on déroule sur la table lumineuse. La matière ? C’est le papier sur lequel est tiré la photo qu’on découpe, colle et manipule. La matière, enfin, c’est la neige dont la surface facétieuse joue si bien avec la lumière. Lumière, film et neige : voici les éléments alchimiques avec lesquels Matt Georges adore jouer. Spécialiste de l’image de snowboard, il a accepté de rejoindre le Rise Up Collective et de tourner son oeil dans la direction du ski de randonnée. A Tignes plus précisément. Avec les skieurs Eva Walkner et Wadeck Gorak dans le viseur.
La première chose qu’on remarque, alors que Matt se positionne précisément sur la neige pour cadrer son image, c’est la lourdeur du sac. Si le numérique a allégé le poids sur le dos des photographes, le choix de travailler uniquement en argentique pour ce projet du Rise Up Collective a ajouté quelques grammes. « Je n’ai pris que des appareils photo à pellicule, des vieux et des plus récents et plein de formats différents ! J’ai commencé la journée par le Mamiy, un appareil moyen format, 6x7, une belle bête.
Je n’ai pris que des appareils photo à pellicule, des vieux et des plus récents et plein de formats différents !
Ensuite, j’ai utilisé des appareils jetables, à la qualité aléatoire, dans lesquels j’ai percé des petits trous à la perceuse que je recouvre d’un scotch. Quand j’enroule la pellicule, je lève le scotch et laisse entrer de la lumière pour abimer volontairement la pellicule. J’ai aussi mon premier appareil-photo, un Nikon basique. Il est tombé des centaines de fois, il a 20 ans ! Pour shooter de l’action, j’ai utilisé un Canon EOS 3, qui fait 8,5 images secondes. Avec 36 poses sur les pellicules les plus longues, il ne faut pas que l’action dure trop longtemps ! Enfin, mon préféré du moment : le Hasselblad X-Pan, qui pèse deux tonnes et propose un format panoramique qui te force à réfléchir et cadrer différemment.»
Le fait de travailler en argentique, impose une autre discipline au photographe (pas seulement celle de se muscler le dos) : la patience et le risque. Après chaque photo, on ne voit pas Matt se pencher sur l’écran de son appareil pour valider la qualité de son image. Il ne peut pas ! Il faut attendre le développement… « C’est aussi ce qui était plaisant avec l’argentique : la surprise de découvrir les photos au labo… avec parfois des mauvaises surprises, souvent des bonnes ! Ce qui est certain, c’est que ça donne plus de stress, il ne faut pas que je foire… c’est le côté excitant de l’argentique. »
Texte : Guillaume Desmurs
Photos : Matt Georges / Jérémy Bernard