Publié le 27 septembre 2024
Portrait d'Edgar Cheylus, skieur passionné,  designeur inspiré et jeune homme engagé
Crédit photo : © Matteo Challe
Portrait

Portrait d'Edgar Cheylus, skieur passionné, designeur inspiré et jeune homme engagé

Ode à la montagne
SPORTS D'HIVER, IMAGES
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Cinéma, Ski, Freeride

Du va et vient des neiges sur les sommets aux déferlements des vagues sur l’horizon, Edgar Cheylus a trouvé son équilibre au rythme des saisons. Entraîné par une quête éternelle de l’instant et guidé par la force des éléments, il a fait son propre chemin vers les hauteurs ; de la plus haute marche des podiums, aux plus hauts sommets. Une ligne de vie empreint de la beauté éternelle et éphémère des montagnes, qu’il tente de capturer au jour le jour et à travers des mots et des images. Rencontre avec un skieur passionné, un designeur inspiré et un jeune homme engagé. 

Crédit photo : © Matteo Challe

l’école du freeride 

Aussi loin qu’il se souvienne, Edgar Cheylus a toujours rêvé de faire partie d’un club de ski. Non pas qu’il rêvait de taper du piquet, mais il se voyait assis sur un banc de vestiaire, face à une rangée de casiers, enfilant le blason à tête de bélier de La Clusaz, en refaisant la journée avec les copains ! Mais Edgar n’a pas suivi la « voie classique » des enfants des montagnes. Pour lui, pas de club des sports, ni de gamme de solfège sur les lignes des stades de slalom, il a découvert les joies de la glisse sur les reliefs cabossés des bords de pistes dans les traces de son père. Une passion en héritage qui valait toutes les écoles de ski ! Avec sa petite sœur Astrid, ils forment alors un club familial pour des sessions grandeur nature. L’hiver dans les montagnes, l’été dans les Landes, Edgar cultive son goût pour les sports de glisse et s’épanouit dans cet environnement dessiné par la nature. « J’ai fait beaucoup de sports enfant ; du tennis, du foot… Mais plus je grandissais, plus il me paraissait essentiel que ma pratique soit dans un milieu naturel. J’avais besoin d’être dehors. J’aimais l’idée que ma pratique soit dictée par les éléments et non par les normes ou règles du jeu. » 

plus je grandissais, plus il me paraissait essentiel que ma pratique soit dans un milieu naturel. J’avais besoin d’être dehors.

Les hivers s’enchaînent et si l’envie de revêtir les couleurs d’un club est toujours dans un coin de sa tête, la liberté de faire sa propre trace et de ne suivre que les lois de la nature trouvent plus de sens à ses yeux que d’aller chercher les chronos. Edgar finira par trouver le compromis idéal, avec à la clé une bande de copains pour la vie, en rejoignant le club de freeride formé par Sébastien Michaud à l’école Évolution 2 à La Clusaz. Le groupe des « Gaziers » était né ! Une joyeuse bande de passionnés, entraînée par le roi du back flip. « On s’est tous retrouvé dans la même classe au lycée de Thônes, Seb venait nous chercher deux après-midi par semaine et nous emmenait crapahuter un peu partout dans les Aravis. Il nous a pris sous son aile et nous a fait découvrir la montagne au sens large… Je ne pouvais pas rêver mieux comme première expérience dans un club de ski ! » 

Des combes des Aravis aux faces du circuit junior du Freeride World Tour, Seb Michaud a entraîné Edgar aux quatre coins de l’Europe et jusqu’à la plus haute marche des podiums. Entre son entrée chez Evo2 et son bac, Edgar a décroché pas moins de trois titres de champion de France junior de freeski et un titre de champion d’Europe en 2019 pour une sortie en beauté du circuit junior ! 

Crédit photo : © Matteo Challe

 

La loi des hauteurs 

Edgar a découvert la montagne à travers sa splendeur et son mystère. Il sait que derrière cette beauté envoûtante se cachent aussi des forces naturelles qui nous dépassent. Il a accepté ses règles du jeu pour le meilleur et pour le pire. Edgar aurait voulu que tout se soit passé autrement, ne jamais être à cet endroit, ce jour-là qui a changé sa vie à tout jamais. Ce dimanche 31 mai 2020 où la montagne a emporté son compagnon de cordée et ami Hugo Hoff. « Ça a changé complètement ma vie. Il y a eu un avant et un après cette journée. Tout ce qui s’est passé avant ; le groupe des Gaziers, les compétitions, le circuit junior, c’est une autre vie. Ce jour-là tout a changé. J’ai essayé de comprendre, je me suis refilé le cours de cette journée des milliers de fois dans ma tête. Finalement, je me suis raccroché à Hugo et à la montagne pour m’en sortir. C’est elle qui nous a séparés et paradoxalement, c’est à elle que je me suis raccroché ces quatre dernières années. J’ai posé un nouveau regard sur elle. J’ai essayé de comprendre pourquoi elle allait mal pour ne pas lui en vouloir. Comprendre pourquoi je faisais ce que je faisais, pourquoi j’allais en montagne, pourquoi je faisais du ski, pourquoi je faisais des vidéos… Et dans ce questionnement incessant, je revenais toujours à la montagne et cette relation entre l’homme et la nature. Ce sont ces questions que je veux partager aujourd’hui à travers des images et des textes. Hugo m’a entraîné sur un nouveau chemin. » 

Comprendre pourquoi je faisais ce que je faisais, pourquoi j’allais en montagne, pourquoi je faisais du ski, pourquoi je faisais des vidéos…

Crédit photo : © Matteo Challe

Redessiner sa vie 

Edgar a tenu à rendre hommage à Hugo et à la montagne à travers un film au titre évocateur "Sentience". Une vision de la montagne à travers ses sensations et les mots d’Hugo ; les mots du poète qu’il était, qui résonnent. Un premier film et une nouvelle voie. Edgar a bien retenté de revenir à la compétition, mais la quête des podiums ne faisait plus sens. La montagne n’était plus un terrain de compétition, mais un espace dans lequel on avance à pas feutrer pour laisser la magie des lieux opérer.   

De rencontre en rencontre, Edgar a commencé à apprécier les montées autant que les descentes, laissant au placard les grosses spatules de freeride pour des peaux de phoques (en gardant toujours un peu de largeur sous le pied !) et a découvert une nouvelle esthétique de sa pratique du ski. Un nouveau chemin en montagne qui l’a aussi mené jusqu’au cœur de la ville et les bancs d’une école de design. « Je ne vois pas cette école comme une voie vers un métier, mais plus comme une ouverture d’esprit. Une ouverture sur d’autres univers, d’autres milieux aux influences multiples, parfois très lointaines, mais d’autant plus inspirantes pour des projets créatifs en montagne ! » 

Entouré d’amis montagnards et venus d’autres horizons, Edgar explore aujourd’hui de nouveaux espaces et amène de nouvelles réflexions dans sa pratique du ski. Une approche engagée et poétique de la montagne qu’il développe aussi avec ses partenaires et des projets à la croisée des univers. 

Immortaliser l’éphémère 

Un projet lui tient particulièrement à cœur : capturer l’éphémère. Comprendre les mouvements perpétuels de la nature et accepter que la vie soit un éternel au revoir… Edgar s’est ainsi lancé dans l’écriture de plusieurs récits autour de cette question de l’éphémère. Le dernier volet en date Danse avec le temps, réalisé par Baptiste Sjöström est une ode à l’inéducable, une recherche de sens à travers la poésie de l’instant. Edgar y met en scène son poème dans le décor sans filtre de la nature. Tourné au printemps dernier, cette danse avec le temps nous emmène sur les hauts sommets des Alpes. Un voyage entre La Clusaz et Chamonix, accompagné du guide américain Mike Gardner, un voyage à la découverte d’une montagne que l’on a tentée de façonner à notre image et de s’en approprier les contours. Une montagne fragilisée, une montagne abîmée par le rêve des hommes. Le film sera présenté en avant-première au High-Five avant de partir en tournée dans toute l’Europe avec Arc’Teryx et son Winter Film Tour avec notamment un passage par la mythique salle du Grand Rex à Paris le 28 novembre prochain. 

Jamais en manque d’imagination et sur tous les fronts, Edgar est aussi à l’affiche du film Alpes Express, réalisé par son ami et compatriote de La Clusaz Jean Tonnelier et du film Dynastar, Hunt your Line, réalisé par PVS Compagny. 

Pour la suite, Edgar continue sa quête de l’instant en montagne avec à l’horizon un livre de récits et d’images. 

 

Texte de Mathilde Boulesteix

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