Eric Roussel vit et respire parapente. En 2008, il créé son entreprise dédiée à sa passion et en 2012, il imagine sa marque, Neo. Le parapentiste voulait concevoir et fabriquer ses produits en France, dans la Mecque de ce sport d’altitude, à Annecy. Pari réussi pour cet entrepreneur qui valorise le savoir-faire local tout en conservant ses valeurs profondément éthiques.
C’est à Doussard que l’entreprise NEO a élu domicile, dans un bâtiment flambant neuf avec vue imprenable sur les montagnes, terrain de jeu favori des parapentistes. Dans les locaux, ce sont 15 personnes qui travaillent à plein temps. Chacune avec son savoir-faire, chacune avec son parcours et chacune apportant son talent à cette société à taille humaine, soucieuse de valoriser une main d’oeuvre française et en grande partie haut-savoyarde.
Création et production française
La tâche ne fut pas aisée. Trouver les matériaux, les fournisseurs, les employés qualifiés pour produire en France a été un vrai challenge. La fabrication de textile a été délocalisée depuis la fin des années 50, réduisant l’industrie quasi à néant sur le sol national. Mais pour Éric, aucun compromis n’était possible, il cherchait avant tout l’authenticité d’un travail français et d’une main-d’œuvre locale. L’entreprise fabrique des assises de parapente et de speed riding, appelées « sellettes », et des voiles de speed riding. Tout est entièrement conçu dans l’Hexagone, la majorité de la fabrication en Haute-Savoie, le reste de la production provient d’un atelier sous-traitant en Normandie.
NEO est le seul fabricant à faire harnais et voiles en France et en est fier. Pour l’entrepreneur parapentiste, qui a travaillé pendant 25 ans dans le domaine, le pays est un des plus gros en terme de pratique et Annecy, un lieu incontournable du vol libre. Les conditions et son panorama exceptionnel lui confèrent un environnement professionnel propice au développement de l’activité. Ici, on vit parapente.
L’inspiration du nom de la société provient de plusieurs idées. La première, c’est celle d’un retour aux sources, à la production française comme on en avait avant. La seconde est un clin d’œil au film Matrix et une allusion à la matrice, celle de la globalisation et de la consommation excessive. Comment les industries délocalisent leur production à outrance et finalement appauvrissent le savoir-faire local.
Une conception locale, intransigeante sur la qualité
« Dans un sport à risques comme le nôtre, on se doit d’être irréprochable sur la qualité et la construction du produit technique » affirme Eric. Installé dans un grand bâtiment flambant neuf, l’entreprise abrite les bureaux de conception et les ateliers de confection. Une situation à portée de main pour un échange direct et un contrôle accru sur la production. Ici, le produit c’est principalement de la main d’œuvre, du temps sur la machine et de la conception. Une vingtaine de machines à coudre sont disposées dans l’atelier, aptes à exécuter 8 types de tâches différentes pour la couture et la sellerie.
Certaines sont à la pointe de la technologie dont la découpe Laser. En ce domaine, l’atelier NEO n’a rien a envier aux plus grosses usines, au contraire ; une manufacture française n’a le choix que d’être efficace.
Quatre personnes imaginent et développent les produits sur place. Chacune d’elles participe également à la production pour rester au contact de la fabrication et au cœur du processus.
Chaque produit est soumis à une homologation européenne garantissant sa qualité. Au terme de la phase de conception, les voiles, sellettes et accessoires sont testés en laboratoire pour obtenir le sésame. Ils sont ensuite refaits à l’identique par NEO, qui effectue également les contrôles qualité. Bien entendu, compte tenu de l’utilisation qui en sera faite, les produits font continuellement l’objet d’une attention particulière quant à la sécurité.
Dans un sport à risques comme le nôtre, on se doit d’être irréprochable sur la qualité et la construction du produit technique
Un savoir-faire au service de l’innovation
Chez NEO, il ne s’agit pas de suivre la file, de faire comme les autres, mais plutôt d’inventer, de créer et d’être précurseur. De nombreuses innovations sont sorties des ateliers depuis la création de l’entreprise au niveau du design, de la qualité de vol et des matériaux. Le fer de lance de l’équipe est notamment la géométrie des produits. Ils sont confortables, précis et performants. Les matériaux et le look sont également travaillés pour un maximum d’aisance et de liberté. La femme parapentiste est aussi une des préoccupations de la société. Ici, on lui a conçu un sac spécifique adapté à sa morphologie, une première dans ce sport.
Une partie des innovations découle de beaux partenariats signés avec d’autres fabricants. Avec Koroyd, dont la technologie révolutionne l’absorption d’impact, le parapente se développe en intégrant une protection dorsale semi-rigide de seulement 9 cm d’épaisseur dans la sellette. La collaboration avec Arva, quant à elle, révolutionne le sac airbag pour le speed riding. Plus grand et doté d’attaches spécifiques pour coordonner au harnais du parapente, l’invention séduit les pratiquants. Associé à ce dernier, la marque Picture et NEO ont imaginé une tenue intégrant le harnais et permettant ainsi de porter le sac Airbag ARVA : un vrai plus sécurité pour le speedrider !
Soucieux que la communauté du parapente préserve la liberté du Vol Libre, Eric a décidé de commercialiser ses produits uniquement au travers des écoles et boutiques de parapente et speedriding. Il s’assure ainsi que le conseil, les recommandations et l’accompagnement sont optimums pour ceux qui souhaiteraient voler avec NEO.
Depuis 2012, Eric et son équipe oeuvrent à un retour à l’authenticité, à la fierté de nos racines et du savoir-faire français. Un beau pied-de-nez à ceux qui pensent qu’on ne peut survivre qu’en produisant ailleurs. Chapeau NEO !
Texte Olivia Bergamaschi