Des Bosses et Des Bulles dépeint avec humour et bienveillance, parfois avec poésie, le petit monde du trail. Des petits tracas du traileur amateur aux performances délirantes des élites, Des Bosses et Des Bulles balaye tous les recoins et petits travers de cette discipline et tente de faire découvrir ce sport au plus grand nombre.
Matthieu Forichon pratique le krav-maga depuis plus de 10 ans. C’est dans le cadre de sa pratique qu’il découvre la course à pied, d’abord en complément de ses entrainements puis comme discipline à part entière. Après quelques courses parmi les plus connues comme le Marathon du Mont Blanc, les Templiers, la SaintéLyon, la 6000D, l’Ultra Tour du Beaufortain… il crée en 2012 Des Bosses et Des Bulles pour parler de ce sport à travers le dessin humoristique. Le site connait un rapide succès et est nommé Meilleur blog de trail en 2012 lors de l’Endurance Trail Festival. Depuis Matthieu mène de front ses illustrations publicitaires au sein de son agence, le développement de la marque Des Bosses et Des Bulles et les courses de trail. En 2019, Matthieu Forichon réalise l’affiche de l’UTMB®. Grace au succès du visuel, il réalise l’Affiche 2020 et celle de cette année. Rencontre.
Pour ceux qui ne te connaitrait pas encore, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Matthieu, je suis lyonnais, illustrateur et toujours en quête de nouveaux projets. Pour tenir le rythme, je cours. Depuis de nombreuses années ! C’est comme ça que j’ai découvert le monde trail et que je me suis mis à le dessiner en 2012 !
Es-tu un vrai runner et comment t’est venue cette passion ?
Je ne suis pas un faux runner en tous cas ! Oui je cours vraiment et depuis longtemps. Plus par besoin de liberté et pour m’aérer la tête que pour la compétition (qui ne m’intéresse que très peu d’ailleurs). Quand je cours, les idées me viennent très vite. C’est pour ça que j’y ai pris goût. Une routine s’est installée au début des années 2000 et elle je l’ai encore. Régulièrement, je vais courir le matin plutôt très tôt. La ville et la campagne sont calmes et l’ambiance est propice aux pensées, au rythme des foulées. A partir de 2009, j’ai commencé à faire des trails pour découvrir de nouveaux coins : le Marathon du Mont Blanc, la 6000D, l’Ultra tour du Beaufortain, la SaintéLyon, la TDS, les templiers, etc. C’est pendant ces courses et dans ma pratique que les anecdotes me sont venues. J’ai commencé à les mettre sur papier et c’est comme cela que Des Bosses et Des Bulles est né, en 2012.
Quand je cours, les idées me viennent très vite. C’est pour ça que j’y ai pris goût.
Quels sont les trailers les plus drôles à « croquer» ?
Tous les traileurs sont marrants à dessiner. Car le traileur passe en général par plusieurs phases dans sa pratique. Full-matos, minimaliste, collectionneur de dossard, concepteur-rédacteur de compte-rendu/manuscrit de course… tous les traileurs m’inspirent, mais j’ai un petit faible pour les jusqueboutistes forcément.
Peux-tu nous raconter un bon (ou mauvais) souvenir en trail ?
Je n’ai pas vraiment de mauvais souvenirs de trail. Le temps doit les transformer en anecdotes et du coup en bons souvenirs. Je garde en mémoire des images et des instants de chacun des trails que j’ai couru. Par exemple, j’ai le souvenir d’une crêpe au Nutella tendue par mon ami Mick, sorti de nulle part à 10 km de la fin de la TDS. L’image d’un chasseur me regardant avec des yeux à la fois navrés et compatissants au beau milieu d’une forêt du côté de Tiranges. Mon père me regardant partir sur le Marathon du Mont Blanc, une fin de SaintéLyon avec mon pote Vince qui, avec d’autres, m’avait rejoint pour terminer la course et fêter mes 40 ans. Ce sont à chaque fois des instants courts remplis d’émotions fortes. Je crois que j’y retourne à chaque fois pour retrouver ces sensations. Comme beaucoup d’entre nous.
Es-tu toujours à l’affût d’une news ou d’un sujet autour du trail ? … Comment vient l’inspiration ?
Pas du tout. Je ne suis pas trop les news en général et celle du trail encore moins. Elles viennent à moi par d’autre biais quand il y a un vrai sujet via les réseaux sociaux ou le bouche-à-oreille. Je préfère que les idées viennent de ce que je ressens quand elles le veulent. Au début, je cherchais à tout prix la nouvelle bulle, le nouveau dessin quitte à noircir à jeter beaucoup de feuilles. Maintenant, je commence à bien me connaitre et je sais que les idées viennent par vague plus ou moins grosses d’ailleurs. Donc je suis à l’écoute et j’observe. L’un de mes spots préférés reste les départs de courses quand le coureur attend de partir et que souvent il refait le monde, du moins le sien. J’écoute et je note dans un coin de ma tête.
Comment résumes-tu ton métier ?
Je n’ai pas de métier enfin j’en ai plusieurs. Je serais bien incapable de le décrire donc de le résumer encore moins. Globalement, la création fait partie de ma vie. J’aime imaginer, concevoir, créer, imager. J’ai besoin de créer pour partager les sentiments qui me viennent en permanence. J’aime qu’une sensation ou que le souvenir d’une émotion devienne image. Après l’image peut être illustrative, humoristique ou purement décorative, mais elle sera née d’un sentiment. Un beau métier difficile à résumer sur un profil LinkedIn.
Ce sont à chaque fois des instants courts remplis d’émotions fortes.
Des nouveaux projets avec DBDB ?
Les projets font partie de mon quotidien. Oui j’ai de nombreux projets avec DBDB mais c’est le temps qui me manque. Des projets de livres, de produits dérivés, d’évènements et d’autres (encore secrets !). L’envie de développer la marque est forte mais ça prend du temps et beaucoup d’énergie. Je gère donc cela comme on gère un ultra : « un pas après l’autre, ici et maintenant » comme me l’avait dit un jour Stéphane Brogniart.
As-tu un secret de winner ? Une astuce de traileur ?
Non pas vraiment. Je sais que le mental est la clé pour finir un trail mais que les jambes sont un bon porte-clés.
C’est la troisième année consécutive que tu réalises l’affiche de l’UTMB ? Est-ce toujours aussi excitant ?
Le mot « excitant » n’est pas le mot qui décrirait le mieux ce que je ressens (rires). C’est un honneur et un beau challenge. Je m’interroge, me prépare, je réfléchis beaucoup, je m’entraîne. En fait, je vis la création d’une affiche de l’UTMB comme on peut vivre la préparation et la réalisation d’un ultra. Avec les mains pour le coup.
De Carole Cailloux