Courue pendant la folle semaine de l’UTMB, à Chamonix, la MCC est réservée aux locaux. Elle est un signe de reconnaissance pour ceux qui sont des acteurs essentiels autant que discrets de la réussite de l’UTMB : les locaux et les bénévoles.
Depuis sa première édition, en 2003, l’Ultra Trail du Mont-Blanc a parcouru du chemin. Quinze années au cours desquelles l’UTMB est devenu, d’une course (presque) anonyme, l’évènement majeur de la saison de trail. Une épreuve hors norme, que ce soit par l’effort demandé aux 10 000 participants pour accéder au statut de finisher ou par la notoriété et la résonnance médiatique de cette messe internationale qui réunit le temps d’une semaine une communauté qui ne cesse de s’accroitre : celle du trail running.
Chaque année, à la fin du mois d’août, Chamonix polarise toutes les attentions. Comme un aimant, l’UTMB attire le regard de tous les passionnés dans une seule et même direction. Le sommet le plus haut d’Europe devient le théâtre d’une émulation incomparable, sans commune mesure, où s’écrit tous les ans un nouveau chapitre de l’Histoire du trail. Pour Catherine Poletti, directrice de l’évènement, ce qui a fait la renommée de l’UTMB, ce qui fonde son succès actuel et ce qui construira sa réussite future, au-delà du cadre majestueux et de la difficulté de l’épopée, « c’est notre savoir-faire dans l’accueil des différents participants ». Elle s’explique : « Aujourd’hui, des coureurs du monde entier traversent les océans pour venir à Chamonix. Et ce qui leur plait, c’est de se sentir attendus et d’être reçus non pas comme des anonymes mais avec une véritable bienveillance. Nous apportons une attention particulière à chacun d’eux ». Or la clé de voûte sur laquelle repose la qualité de cet accueil, ce sont les bénévoles, ainsi que la bonhommie et la sympathie des acteurs locaux. Ainsi, la création cette année de la MCC, un nouveau format de course totalement inédit réservé aux bénévoles et résidents locaux, s’apparente à un véritable signe de reconnaissance envers ceux qui ont pavé le chemin de la réussite de l’UTMB.
La MCC, un signe de reconnaissance envers les bénévoles
Catherine Poletti avait depuis longtemps cette volonté et n’en a jamais dévié, « même s’il faut du temps pour transformer une idée en un projet concret, surtout avec les contraintes d’organisation que cela sous-entend ». En août 2018, la MCC verra donc le jour et donnera du corps à son « envie d’offrir un sens supplémentaire à l’engagement des bénévoles tout en permettant aux coureurs locaux d’apprécier cet évènement qui se déroule chez eux ». L’objectif affiché est clair : « Nous souhaitons faire vivre pleinement l’expérience coureur à ceux qui la rendent habituellement magnifique. » C’est pour cela que Catherine Poletti insiste bien sur un point : « Ce n’est pas une course au rabais, une corrida réservée aux bénévoles. Nous allons nous imposer le même souci du détail. Ce n’est pas seulement un avant-goût de l’UTMB, c’est une course qui en a toutes les saveurs ! » Et pour cela, les organisateurs ont concocté un menu aussi copieux que délicieux reprenant les ingrédients qui ont propulsé leur épreuve dans une autre dimension. Pas un avant-goût de l’UTMB mais une course avec toutes ses saveurs.
Un parcours accessible mais technique et exigeant
Tout d’abord, le parcours. 40 kilomètres à couvrir de Martigny-Combe à Chamonix, d’où les initiales MCC, en avalant près de 2300 mètres de dénivelé positif. Un tracé voulu engagé car il est impossible de s’imprégner des valeurs de l’évènement sans questionner ses limites. Loin d’être une balade de santé, le parcours a été pensé comme exigeant et technique afin de découvrir pleinement les notions de dépassement de soi et de persévérance que les participants doivent mettre en œuvre pour terminer l’épreuve.
Ce n'est pas seulement un avant-goût de l'UTMB, c'est une course qui en a toutes les saveurs!
Des canons de grandeur et de somptuosité respectés
Ensuite, les canons de grandeur et de somptuosité sont respectés. Le cadre s’annonce majestueux et les panoramas fantastiques. « Nous avons dessiné un parcours franco-suisse inédit et pittoresque qui proposer aux coureurs d’évoluer entre les vignes des côteaux valaisans et les hameaux typiques de la haute vallée de Chamonix, à la découverte des Chosalets, du Lavancher et d’Argentière, au cœur des forêts de sapins et de mélèzes ». Deux points précis de l’itinéraire fondent selon Catherine Poletti la promesse d’une aventure touristique singulière : « le Bisse de Trient, un canal historique, qui servait à acheminer l’eau des glaciers vers les villages et les alpages helvétiques, ainsi que le col de Balme d’où il sera possible d’admirer l’arête granitique des Grandes Autannes ».
Un peloton cosmopolite
Dernier élément, et c’est là l’un des facteurs majeurs à l’origine de l’ambiance magique qui règne sur la ligne de départ de l’UTMB, la mosaïque culturelle formée par le peloton est respectée. Sur l’ensemble des partants, pas moins de 209 bénévoles et membres de l’organisation ainsi que 252 locaux, résidents de l’espace Mont-Blanc, ont décidé d’épingler un dossard. A Martigny-Combe, ce lundi 27 août, pas moins de 47 nationalités différentes seront représentées et la parité sera presque respectée puisque près d’un tiers des courageux seront en fait des courageuses.
Les organisateurs ont concocté un menu aussi copieux que délicieux reprenant les ingrédients qui ont propulsé leur épreuve dans une autre dimension.
Une organisation et un enracinement local
Parcours, dénivelé, panoramas, dépassement de soi, cosmopolitanie… Tous ces ingrédients qui ont fait le succès de l’UTMB promettent un avenir radieux à la MCC. « Le quota de 1 000 participants est d’ores et déjà atteint » s’enorgueillit Catherine Poletti. Pourtant, il faudra juger de sa pleine réussite a posteriori, car si « cette course n’a aucune autre vocation qu’à exister pour ce qu’elle est », elle répond tout de même à certains objectifs dont il s’agira de déterminer s’ils sont atteints ou non plus tard.
Témoigner d’une reconnaissance auprès des bénévoles qui « comme les coureurs élites, contribuent à la féérie de l’évènement » en leur offrant l’opportunité de toucher de vivre pleinement l’expérience coureur. Une récompense bien accueillie parmi les volontaires ? Extrêmement bien apparemment. Claudio Cheraz, 53 ans, maitre d’hôtel à Courmayeur, triple finisher de l’UTMB et organisateur de la YCC, une course réservée aux jeunes, s’emballe : « C’est une idée géniale. Je ne le prends pas comme une compétition mais comme une grande promenade qui va permettre de tisser des liens encore plus forts entre les bénévoles. Je n’ai aucun objectif de temps, mais je suis quand même impatient. Ça va être un super moment. » Aussi, il reconnait qu’il envisage également la MCC comme « un moyen de voir l’UTMB sous un autre angle, celui des coureurs » et c’est là l’une des ambitions, des organisateurs. Catherine Poletti concède : « Effectivement, cela va donner un meilleur aperçu de leur rôle aux bénévoles, de mieux se comporter en connaissant plus finement les besoins spécifiques des coureurs. » Un des objectifs de la MCC, à lire en creux, est donc de rendre l’organisation plus performante. Des équipes plus soudées et plus clairvoyantes pour une logistique plus efficiente.
Enfin, la MCC traduit une « volonté de s’enraciner plus profondément dans le patrimoine du pays du Mont-Blanc ». Pourquoi ? « Car aujourd’hui, nous sommes plus populaires en Chine qu’à Sallanches » souligne la directrice de l’épreuve. « Nous savons que notre évènement a un impact sur le quotidien des gens de la vallée, donc cette course c’est un vecteur de rapprochement de la population avec notre course, pour qu’ils se la réapproprient. » Par crainte du désamour et par désir d’enclencher une vraie dynamique locale.
La valorisation d’un territoire et de ses habitants, la reconnaissance d’un rôle prépondérant à ses bénévoles, la promesse d’une aventure hors du commun… il semblerait que la MCC soit en passe de réussir son pari. « Tout cela dans le respect de l’esprit trail et de ses valeurs, car au final, c’est cela le plus important. » conclut Catherine.
Texte : Baptiste Chassagne
Photos : Pascal Tournaire / Franck Oddoux