Le 8 février 2015, le voilier Maewan larguait les amarres du port breton de l’Aber Wrac’h pour partir à la découverte des recoins cachés du monde. Le bateau fera son grand retour sur les côtes du Finistère le 13 novembre prochain après plus de 6 années d’aventure et un tour du monde hors du commun. Un tour du monde à la voile à la conquête des sommets, un tour du monde tracé par la nature, un tour du monde au rythme des saisons, un tour du monde riche de mille et une rencontres, de mille et une couleurs, de mille et une saveurs, un tour du monde au fil du temps pour un regard au delà de l’horizon.
À la barre, Erwan Le Lann, skipper et guide de haute montagne et Marion Courtois, spécialiste dans l’action humanitaire. À la proue et la poupe, plus de 100 matelots ; des sportifs de haut niveau en quête d’épopées et des intervenants pédagogiques et environnementaux pour faire de Maewan une aventure pour l’avenir... C’est à coup de connexion 3G depuis le fin fond de l’Amazonie que Marion et Erwan nous ont livré leurs récits de voyage… Retour sur cette Odyssée des temps modernes !
Terre en vue
Des plus hauts sommets aux profondeurs de la terre, des étendues gelées aux jungles luxuriantes, d’un cap à un autre, la Terre mérite bien plus de 80 jours ! Si il est aujourd’hui possible de relier les antipodes en moins de 24h, ce sont près de 20 000 kilomètres de découverte perdus. À vouloir aller trop vite plus loin, on ne voit plus la beauté de ce qui se trouve juste sous nos yeux ! La beauté éphémère et éternelle du voyage.
Le voilier Maewan n’a pas cette prétention de conquête, bien au contraire, il avance à pas feutrés dans ces contrées étrangères pour s’imprégner de ces paysages lointains, en percevoir toutes les nuances et comprendre ces environnements, ces harmonies entre les êtres et leurs terres.
- Erwan : « J’ai beaucoup voyagé, beaucoup pris l’avion, j’étais parachuté en quelques heures à l’autre bout du monde. Et il y a eu ce voyage en Antarctique avec Mike Horn. Le déclic. Le vrai voyage… On est parti de Punta Arenas au Chili, on a navigué pendant une semaine, on a observé le climat changer, les oiseaux changer, les premiers icebergs, la richesse de cet Antarctique, de cette terre du bout du monde. Des journalistes nous ont rejoins en avion à King George Island pour 3 jours, nous avons été incapables de leur faire partager le lieu dans lequel ils étaient. Ils n’ont à aucun moment réalisé où ils étaient vraiment. Je suis rentré en avion avec eux, en cinq heures nous étions de retour à Punta Arenas et là, je me suis dit non ! On ne peut pas comprendre un endroit sans voyager avec les éléments et avec le climat. Tout est parti de là, cette envie de voyager en bateau pour aller découvrir les terres et voyager lentement pour comprendre notre planète et mieux comprendre les gens que l’on rencontrait. C’est la Genèse du projet Maewan… »
Maewan, c’est un voilier, une Odyssée, un rêve pour l’après. C’est un voyage autour du monde et des escales atypiques ; les expéditions sportives donnent le cap mais l’objectif s’illustre bien au delà de la performance. Maewan est une plateforme opérationnelle nomade, un support d’actions éducatives et environnementales. Après les premières années d’aventure et l’arrivée de Marion à bord, l’association Maewan a été créee en 2019 pour partager les richesses et l’enseignement de ce voyage.
- Marion : « L’association est née avec la volonté de s’appuyer sur la richesse de l’expédition, de la découverte des climats et des peuples reculés pour essayer d’anticiper les futures crises à venir et surtout participer à mieux vivre ensemble dans le monde actuel. »
Des terres du bout du monde aux bancs des écoles, Maewan nous embarque dans la beauté fragile d’une planète vivante et enivrante !
On ne peut pas comprendre un endroit sans voyager avec les éléments et avec le climat.
Le Départ…
Du port de l’Aber Wrac’h, terre d’attache d’Erwan, Maewan a mis le cap vers le Nord pour une première traversée vers les fjords islandais pour grimper la glace, la première escale d’un tour du monde par les deux pôles.
- Erwan : « Le port de l’Aber Wrac’h se trouve juste à côté de la ville natale de mon père et de notre maison de famille, c’était important pour moi de partir d’ici. Pour comprendre la mer et l’évolution du climat autour du monde, j’ai vraiment voulu partir d’un endroit que je connaissais très bien. »
À bord, le capitaine Erwan, deux alpinistes, une navigatrice et un photographe pour immortaliser les premiers souvenirs d’une longue liste… On leur avait pourtant déconseillé d’aller dans cette contrée à cette période, les tempêtes hivernales rugissant toujours par delà les horizons. Folie ou aventure ? Les dés sont lancés, cette première halte donne le ton pour la suite : un équipage de haut vol, un camp de base sur l’eau, au contact avec les éléments et des milliers de lignes à dessiner à coup de piolet et de crampons avant de reprendre la mer… La suite du parcours s’est dessinée au gré des vents et des passages possibles pour relier les deux pôles.
- Erwan : « Le parcours a été tracé un peu à la hache, j’avais envie d’aller en Arctique, en Antarctique et de passer en Polynésie pour rendre visite à de la famille. Je ne voulais pas passer par le canal du Panama, creusé par l’homme, je voulais faire ce voyage par des voies naturelles. »
Quel que soit l’équipage et l’activité à l’honneur, les expéditions veulent aussi donner du sens à l’aventure et lier le sport et l’humain dans le cosmos de la nature. Guide de haute montagne depuis de nombreuses années, Erwan connait bien les différents éléments, les humeurs et les mouvements de Mère Nature. Quant à Marion, elle apporte son expérience dans l’humanitaire, ensemble ils organisent chaque mission sur la route du voilier.
les expéditions sportives donnent le cap mais l’objectif s’illustre bien au delà de la performance
- Marion : « Les étapes se confirment un peu près un an à l’avance et chaque expédition s’organise environ neuf mois en amont. On commence par analyser plus précisément le contexte géopolitique du pays, toute la préparation opérationnelle, on identifie les partenaires locaux, éducatifs ou environnementaux avec lesquels on va travailler, on commence à mettre en place le programme des actions. L’équipe des sportifs se forment en fonction de la destination et va complètement participer à nos missions. Ensuite, les projets se déroulent à la fois en mer sur Maewan et sur terre avec une équipe et des actions environnementales et éducatives sur toute la France. »
Ainsi, Maewan, c’est plus de 66 000 km de kilomètres, 6 continents, 26 escales, 45 actions éducatives, 7 actions environnementales et 100 athlètes d’exceptions ! Depuis le départ du bout des terres occidentales de l’Hexagone aux côtes brésiliennes où se trouve actuellement le bateau, il s’en est passé des choses ! Maewan a traversé les mers et les océans, il s’est faufilé dans les glaces de l’Arctique, a vu le soleil se lever sur l’Orient, a foulé les côtes australes, a été plus proche de la station spatiale internationale que de toutes terres et a franchi le cap Horn ! Et sur terre, l’aventure s’est poursuivie à différentes altitudes…
Des big wall du Groenland aux sommets de Patagonie en passant par les volcans enneigés des Kouriles, le vertige des fjords néo-zélandais et les paysages envoûtants de Polynésie, en grimpant, en skiant, en volant, en surfant, en sautant, en marchant sur une ligne, l’aventure n’a aucune limite !
45 actions éducatives, 7 actions environnementales et 100 athlètes d’exceptions
66 000 km, 6 continents, 26 escales
Entre navigation et escale à terre, Maewan a connu tous les climats et a foulé les terres de tous les continents. Tous les instants ont fait l’aventure, quelques moments resteront gravés à tout jamais dans la tête des aventuriers de cette épopée. Le départ, les premières tempêtes et les expéditions sportives en milieu polaire, les terres isolées du Kamchatka, le passage de l’équateur, le monde du dessous, l’Océanie, les îles du Pacifiques, la Polynésie, cette contrée aux accents familiers et pourtant si lointaine, la traversée vers le Chili et le légendaire Cap Horn, rejoindre l’Antarctique avant de revenir en Amérique et s’enfoncer dans les terres perdues…
Dernière halte avant l'ultime transat
Durant l'été 2021, Maewan est remonté le long des côtes sud américaines pour rejoindre le Brésil. Objectif : l’Amazone ! Après une halte à Rio de Janeiro, Maewan s’est engouffré dans le delta du fleuve Amazone pour une nouvelle aventure et de nouvelles rencontres.
- Erwan : « On va suivre la fève de cacao native utilisée pour faire le chocolat, et à travers cette quête de la fève de cacao amazonienne, on va aller à la rencontre de cette forêt incroyable. C’est le poumon de la Terre, un lieu précieux pour notre équilibre à tous, il est primordial de le protéger. »
Le bateau reprendra ensuite la mer, quittera les eaux des Amériques pour une transatlantique vers les Açores et une dernière vague avec les surfeurs de Lost in the Swell.
Retour à Ithaque
« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage »* l’heure du grand retour à la maison est arrivée… Après sept années d’aventure pour Erwan, quatre pour Marion, le 13 novembre prochain, Maewan et son équipage reviendra à son premier port de l’Aber Wrac’h, un retour riche de mille souvenirs pour mille projets à venir.
- Marion : « Ca va être très fort en émotions, ça va être une rétrospective sur toute la richesse de ce qu’on a pu apprendre, des rencontres et des partages que l’on a eus. Ça risque d'être très intense. Cette force, elle vient aussi de la fin… Pour moi c’est important de finir, c’est l’aboutissement d’un premier objectif pour pouvoir mieux définir les suivants… »
- Erwan : « Un retour pour mieux nous permettre de rebondir et repatir. Pour moi, c’est vraiment une première boucle de découverte, c’est un concept qui se met en place, tout ce que l’on fait avec Marion, on le fait pour que ce soit durable, avec ou sans nous. On travaille pour faire vivre l’association Maewan et qu’elle soit pérenne, que ce soit un modèle pour essayer de changer un peu les choses et de vivre plus en adéquation avec la nature. »
Maewan revient à quai, mais l’aventure de s’arrête pas ! Le retour en mer est déjà prévu pour 2022 et les missions de l’association continuent à terre !
To be continued…
Pour moi c’est important de finir, c’est l’aboutissement d’un premier objectif pour pouvoir définir les suivants
De Mathilde Boulesteix