Le ski de randonnée est « tendance » depuis plusieurs hivers. Ce ski « nature » est dans l’air du temps, un temps qui porte à nous tourner vers les grands espaces. Ils sont de plus en plus nombreux à être tentés par l’expérience de ce ski originel. Ce qui frappe, d’emblée, c’est le bonheur d’être là-haut, au terme d’une progression qui ne doit rien à une machine…
Une tendance renforcée
La non-ouverture des remontées mécaniques a renforcé le mouvement. Nombreux sont les skieurs passionnés qui sont prêts à gagner « à pied » le sommet de leurs descentes. Puissent-ils trouver dans ce ski « nature » une autre approche de la montagne hivernale, complémentaire de leur pratique habituelle. Les domaines skiables ont pris en compte cette tendance et proposent souvent des itinéraires de montée balisés, rejoignant le sommet de pistes classiques. Ces initiatives rencontrent un beau succès et favorisent l’apprentissage : utilisation du matériel, accoutumance à l’effort… Ces itinéraires sont tracés dans un terrain sûr, en dehors de zones de déclenchement d’avalanches, et en dehors de la trajectoire de celles qui viennent d’en haut ! Au besoin, les pentes peuvent faire l’objet d’un déclenchement préventif.
La situation est plus compliquée en ce début d’hiver…
Dans l’attente d’une ouverture prévue le 7 janvier, les stations viennent juste de commencer la préparation de leurs domaines skiables. Ce travail consiste à damer les pistes, installer le balisage, signaler et/ou installer des protections contre les obstacles ou les dangers. Et, aussi, purger les pentes de leurs couches instables dans tous les endroits où une avalanche peut menacer une piste située sur sa trajectoire. À ce sujet, il faut garder à l’esprit qu’en début d’hiver, les premières chutes de neige significatives sont souvent fragiles…ou pas encore suffisantes.
Jusqu’à ce que ce travail de préparation et d’entretien soit réalisé, les domaines skiables, habituellement sécurisés, retournent à l’état sauvage. Même à proximité des télésièges ! La proximité d’équipements témoignant de la présence de la civilisation, la fréquentation d’autres groupes de skieurs peuvent rassurer : tant qu’on n’est pas seul, c’est qu’on ne fait pas d’erreur… Ce sentiment bien connu des alpinistes est illusoire : on peut être nombreux à faire la même erreur.
Comment profiter de cette activité « Hors-pistes »?
• Sur les domaines skiables
Se renseigner sur la possibilité d’y évoluer en ski de randonnée : certaines municipalités peuvent prendre des arrêtés interdisant la pratique, si elles pensent ne pas pouvoir assurer la sécurité dans les conditions particulières de ce début d’hiver. Se renseigner sur l’activité locale de préparation du domaine :
a) présence d’engins de damage : collisions rarement favorables aux skieurs… De plus, dans les pentes raides, en cas de neige abondante, les engins se tractent à l’aide d’un câble : celui-ci, toujours tendu, peut se déplacer en « coup de fouet » quand l’engin change de trajectoire. Là aussi le skieur en sortira rarement vainqueur.
b) déclenchement préventif d’avalanches : destiné à sécuriser les pistes situées en aval, il s’effectue toujours quand celles-ci sont fermées. Ce n’est pas le moment de s’y aventurer.
• Hors des pistes
Se renseigner sur les conditions du manteau neigeux : La neige vierge peut être facile à skier, ou inskiable. Le manteau neigeux peut-être stable, ou instable (comprendre : avalancheux!). D’ordinaire, Météo France publie un bulletin neige, avec un BERA : bulletin d’évaluation du risque d’avalanche. En l’absence de données transmises par les pisteurs-observateurs météo des stations, ces BERA n’étaient pas disponibles dans leur forme habituelle jusqu’à cette semaine. Ceux-ci sont désormais accessibles mais restent privés pour le moment des retours de données des pisteurs.
Hors des pistes, c’est l’aventure !
Et c’est enthousiasmant ! Mais cela veut dire qu’on est autonome, et que l’issue est… aventureuse. Cela suppose d’être autonome : on transporte dans son sac tout ce dont on peut avoir besoin : vivres, vêtements, équipements de sécurité, équipements d’orientation. On se renseigne sur les prévisions météo. Aventure ? Cela signifie que le but ne sera peut-être pas atteint (style Vendée Globe). L’important c’est d’essayer, de mettre toutes les chances de son côté, et de savoir jusqu’où ne pas aller trop loin. Il y a souvent tout près, un plan B, ou pas : dans ce cas, on rentre à la maison. Le bonheur peut être au sommet, il peut être de savoir qu’on a pris la bonne décision de se mettre à l’abri. En matière d’avalanche, l’erreur est permise dans un seul sens : celui de renoncer en sachant que, peut-être, il n’y aura pas d’avalanche. Dans l’autre sens, cela ne marche pas!
Se renseigner ? Où ?
Le kit « avalanche » : en domaine skiable non sécurisé, comme en ski hors piste ou en ski « sauvage », hors domaine skiable, il convient d’être équipé au moins d’un Détecteur de Victimes d’Avalanche (DVA), d’une sonde et d’une pelle. Et bien sûr, il faut savoir s’en servir. Les professionnels de la montagne, les clubs alpins et les ski-clubs organisent les formations et entraînements indispensables.
Et si on doute encore ? Engager les services d’un guide de haute montagne dont le métier est de partager ses expériences, de guider, de transmettre ses connaissances et de tout mettre en œuvre pour la sécurité de chacun. Leurs connaissances de la montagne sont faites pour être partagées, ils ont les clés de cet univers sauvage et beaucoup de réponses aux doutes.
• Avant de partir
Consulter les sites internet dédiés au ski de randonnée. On y trouve de nombreuses idées et commentaires, des renseignements, des photos, des contacts. Contacter les structures professionnelles des stations : Bureaux de guides, Écoles de ski, Services de sécurité des pistes, les offices de tourisme. Les guides utilisent l’application GRIMMS, où ils échangent leurs informations terrain entre eux, souvent en temps réel. En plus de bulletins météo, d’informations nivologiques, on y trouve des groupes de discussion dédiés aux différents massifs. Une partie de cette application est ouverte à tous !
• Sur Place
Rendre visite aux professionnels, guides, moniteurs, pisteurs-secouristes, ils ont une fonction de conseils, d’informations et d’assistance. Parmi leurs missions, figure aussi celle de faire accéder leurs clients à l’autonomie. Le ski de randonnée est accessible à tous, au prix d’un nécessaire apprentissage et de quelques précautions. Pour retrouver le bonheur d’être en haut dans la sérénité.
POUR RETROUVER NOS DESTINATIONS Où Pratiquer le ski de rando, n'hésitez pas à découvrir notre dossier VOYAGE EN TERAIN CONNU .