Publié le 4 décembre 2024
Le collectif Lead The Climb part à la conquête des sommets
Crédit photo : © Lead The Climb
Carnet de voyage

Le collectif Lead The Climb part à la conquête des sommets

"High Inspiration" pour les femmes dans l'alpinisme
ESCALADE ALPINISME, IMAGES
|
Carnet de Voyage, ALPINISME, Interview

Elles n'étaient pas nées pour ça, mais elles se sont forgées pour la montagne. Grande, imposante, indomptable. Elle nourrit les rêves et révèle les caractères. Cinq femmes, cinq destins liés par un projet commun : High Inspiration. Elles sont technico commerciale, chargée d'affaires ou encore ingénieure mais une fois la porte du bureau fermé, elles prennent la tête de cordée. Car oui, l’habit ne fait pas le moine. De l’ordinaire à l’extraordinaire, des fonds de vallées aux sommets alpins, les adhérentes de Lead The Climb menées par leur amour de la montagne renversent les codes avec un alpinisme féminin simple et authentique. Une expédition dans les Alpes Suisses, à la conquête des 4000 qu’elles racontent dans leur film High Inspiration pour porter haut et fort leur message “Inspire Women To Lead The Climb”.

Crédit photo : © Lead The Climb

Alors que le ciel s'ouvre au-dessus des cimes, elles s'engagent, encordées par la volonté et la soif de dépassement. Au fil des pentes, elles ont appris à se connaître, à dompter leurs peurs, et à célébrer leurs forces. Les filles de Lead The Climb se racontent dans un film d’alpinisme qui dénote dans l’univers de la montagne. Une cordée pas comme les autres, une prise de hauteur au gré d'ascensions de sommets de 4000, pour montrer la voie à celles qui rêvent de devenir premières de cordée. 

Lead The Climb

C’est l’amour de la montagne conjugué au féminin. Créé en 2018, le club FFCAM promeut le leadership féminin en alpinisme et crée des leaders de cordée. L'association compte 350 adhérentes et propose quatre vingt-dix jours de stage par an, sous la forme de week-ends en groupe de quatre à six personnes encadrés par une guide de haute montagne.

Les guides nous ont dit : déjà apprenez à devenir alpinistes. Puis quand vous serez alpinistes, on en reparlera

Le nœud de la cordée

Manon Metin, Anaïs Pellat-Finet, Berenice Veyre, Aurore Billion, Marion Oberli. Elles sont cinq en 2021 à avoir rejoint le projet “Team Lead The Climb”, sous l’impulsion de Manon. Deux années de formation accompagnées des guides Maud Vanpoulle et Begoña Lazpita Greaves pour se former à la montagne et devenir autonomes. « On est devenus des alpinistes à notre niveau », reconnaît Anaïs. 

Si le film qui sort cet hiver est un aboutissement pour le groupe, il n’a jamais été un objectif. « J'ai l'impression que ça s'est fait naturellement. En fait, on s'est un peu pris au jeu de raconter nos sorties, notre histoire sur Instagram, parce que ça motivait plein de filles. Et quand tu vois que ça motive plein de filles, tu as envie de leur montrer que c'est faisable », explique Manon. « L’objectif est d’inspirer les femmes, mais pas uniquement, les gens, à oser, à sortir de leur zone de confort », complète Anaïs. Ce projet est un peu la cerise sur le gâteau. La formation qui compte près d’une vingtaine de journées de guide par an leur a permis d’aiguiser leurs savoir-faire. Rapidement, l'idée a germé de « transmettre un message avec plus d’impact », confie Manon. « Les guides nous ont dit, déjà apprenez à devenir alpinistes. Puis quand vous serez alpinistes, on en reparlera ». C’était sans compter sur leur implication à 200%. Petit à petit les filles ont fait évoluer leurs compétences, recueillant de plus en plus d’images afin d’être aussi à l’aise sur l’arête qu’avec le drone ou la Gopro. Toujours égales à leurs valeurs, avec humilité. « On a toujours priorisé l'expé et l'expérience humaine avant de faire le film, parce que c'était quand même un peu culotté de se dire, on va faire un film ! », expliquent-elles.

De la Suisse dans les idées 

En juillet 2023 au terme de la formation, les filles décident de partir en Suisse pour s’attaquer à des 4000 mètres. Au menu trois sommets : l’Ober Gaberlhorn, le Cervin et l’Eiger. Un projet à proximité de leur lieu de résidence pour ces filles qui habitent pour la plupart à non loin des Alpes. Une aventure simple, au sein du pays qui compte le plus de sommets de 4000 mètres. Les deux années passées côte à côte en montagne leur ont permis de comprendre les forces et les faiblesses de chacune. « On s’est toujours adapté les unes aux autres. Pour ce projet en Suisse on a choisi des sommets où chacune était contente d’y aller ». Cette entente bienveillante et collaborative fait partie de leurs forces. Tour à tour, chacune a pris la tête de la cordée. 

Crédit photo : © Lead The Climb

Là-haut, le flow et la pente 

Aucun nœud sur la table n’a été laissé. Les échanges sont francs, honnêtes, incisifs et spontanés, car la montagne ne pardonne pas. Elle délit les langues et accélère les prises de décision. « On s’exprime à chaque fois très à chaud, mais de façon bienveillante. Une ascension ça dure 15 heures, c'est tellement long. On ne se rend pas compte que chaque décision qu'on prend, chaque action qu'on fait ou qu'on ne fait pas, fait perdre du temps. » La montagne comme lieu de passage. Ici le prélude ne dure qu’un temps. L’acte se joue en mouvement. Pas de climax au sommet mais un dénouement simple une fois la descente terminée. 

« Pendant la sortie, on ne se parle pas trop, on ne se raconte pas nos vies, on n’est pas là pour blablater. Parce que c’est quand même dangereux. On est là concentré. Il y a une forme de plaisir aussi là-dedans », confie Anaïs. « Je pense que sur les grandes courses comme ça, le terrain est tellement hostile que tu vas tellement puiser physiquement et mentalement qu'il n'y a plus de filtre ». La montagne comme un économe, qui pèle et affûte les corps pour ne laisser que le rocher brut de l’âme. 

Ensemble elles vont plus loin, plus vite, plus fort. La cordée, matérialisée par la corde mais aussi par l’esprit, celui de l’équipe. Une pour toutes et toutes pour une. « On a un profond respect les unes envers les autres » À tour de rôle chacune a pris son rôle de leader et endossé ses responsabilités. « On a vraiment joué la stratégie là-dessus. C’est-à-dire qu'il y en a une qui prenait la tête, et celle qui était derrière, savait qu'à un moment donné, il faudrait qu'elle repasse devant car l'autre aurait besoin de se reposer », raconte Manon.

Au-delà du côté alpinisme, on avait aussi envie que ça résonne chez des femmes dans d'autres domaines

Renoncer, Apprendre et Transmettre

En montagne, renoncer fait partie du jeu. En phase d’acclimatation, le groupe décide de s’attaquer à l'Évêque avec ces 3717 mètres. Un départ trop tardif, un manque de préparation et des conditions difficiles les amènent à revoir leur copie. « On s'est retrouvés à devoir faire demi-tour. On n'avait pas assez travaillé, pas assez planifié pour une simple et bonne raison, c'est qu'en fait, ça ne nous faisait pas rêver. On l'avait choisi en se disant, le bivouac sera hyper-photogénique pour le film », reconnaît Manon. Apprendre pour comprendre. La montagne ne laisse pas de place au hasard, à l’approximation. Connaître son pourquoi, car bien plus que l’aspect physique, dans ces aventures au long court l’aspect mental revêt une place prépondérante. Entretenir et nourrir les bonnes motivations sont la clé de voûte d’une expédition. La suite, ce sont trois ascensions menées avec succès par-delà les 4000. Si le sommet marque le point culminant, souvent la tête dans les nuages, c’est bien les pieds sûr terre et lucide que les alpinistes se rappellent à la tâche qui les attend. « Lorsque l’on arrive au sommet, tu rentres dans la partie un peu compliquée, parce que tu sais que tu as autant de descente, voire plus, avec un état physique et mental déjà diminué. On sait très bien que les statistiques des accidents, c'est à la descente qu’ils interviennent. » C’est là que la force du collectif rentre en jeu.  « J'ai l'impression qu'on rentrait vraiment dans le dur à ce moment-là et ce qui fait que ça passait bien, c'est qu'on était hyper bienveillantes.»

De ces ascensions elles en gardent des souvenirs immaculés, gravés à jamais mais aussi une force intérieure. La montagne comme vecteur de croissance. « Ça me montre que je suis capable d’entreprendre des choses difficiles, ça me donne de l’assurance », détaille Anaïs. « Au-delà du côté alpinisme, on avait aussi envie que ça résonne chez des femmes dans d'autres domaines. Si tu bosses et que tu y crois et que tu te donnes les moyens et que tu développes ta confiance, ça va certainement très bien se passer et ça marchera. »

Le groupe a laissé place à la seconde promo Team Lead The Climb. De nouvelles femmes qui elles aussi s’apprêtent à partir à la conquête des sommets et qui pourront à leur tour porter le message “Inspire Women To Lead The Climb”. 

Crédit photo : © Lead The Climb

Les articles associés

Vous voulez des cookies ?

Ce site utilise des cookies pour garantir la meilleure expérience de navigation.

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies tiers destinés à vous proposer des vidéos, des boutons de partage, des remontées de contenus de plateformes sociales

Paramétrage de mes cookies

Au-delà des cookies de fonctionnement qui permettent de garantir les fonctionnalités importantes du site, vous pouvez activer ou désactiver la catégorie de cookies suivante. Ces réglages ne seront valables que sur le navigateur que vous utilisez actuellement.
1. Statistiques
Ces cookies permettent d'établir des statistiques de fréquentation de notre site. Les désactiver nous empêche de suivre et d'améliorer la qualité de nos services.
2. Personnalisation
Ces cookies permettent d'analyser votre navigation sur le site pour personnaliser nos offres et services sur notre site ou via des messages que nous vous envoyons.