Ses belles performances lui ont permis de remporter le titre de championne féminine mais surtout d’affirmer que les femmes ne sont plus des pilotes de second rang ! Laurie Genovese, pilote aux Passagers du Vent, fraîchement championne du monde, répond à nos questions.
Tu as commencé le parapente très jeune, comment as-tu ressenti cette passion pour le vol ?
J’ai eu la chance de découvrir le parapente très jeune grâce à mon père ! Dès que j’ai eu l’âge, il m’a emmenée en biplace pour mes premiers vols. Une simple transmission au départ, il a fait énormément de parapente lui aussi. Et progressivement c’est devenu la mienne, à 14 ans je faisais mes premiers vols en solo.
Que retiens-tu de toutes ces années de parapente ?
L’évolution de la discipline et surtout, ma vision de celle-ci. Le parapente est un sport à maturation lente, il faut beaucoup de temps pour comprendre comment l’appréhender. Les heures de vol s’engagent spontanément quand on aime ce sport et l’expérience vient avec. Au fur et à mesure je dirais que j’ai acquis une façon de pratiquer cette discipline de manière raisonnée.
Tu comptes aujourd’hui parmi les meilleurs pilotes au monde, mais tu as par aileurs un gros désavantage : celui d’être légère. Peux-tu nous expliquer pourquoi les poids plumes sont défavorisés par rapport aux plus lourds ?
Les poids lourds ont longtemps bénéficié d’avantages en vol. Leurs voiles étaient plus performantes que celles des poids plumes. Aujourd’hui le règlement impose un équipement tout compris de 33 kilos supplémentaires, et on sent que les constructeurs de matériel s’investissent de plus en plus pour les plumes. Même si pendant des années j’ai ressenti cette différence, les choses ont aujourd’hui changé.
En vol, tout peut arriver. Il faut donc être prêt à maîtriser ses émotions. C'est un sport à risques malgré tout.
La préparation en amont, qu’elle soit physique ou mentale, est primordiale pour toi avant une compétition ? Comment gères-tu cet aspect de la discipline ?
Lorsque la compétition est en janvier en amérique du sud, il est compliqué de trouver les conditions pour s’entraîner en europe. Tout passe par une préparation mentale dans ces moments-là. Je vérifie le matériel, visualise le parcours de la future course et observe mes tracés sur les anciens vols pour mieux comprendre mes performances. La préparation mentale ça passe aussi et surtout par un entraînement de maîtrise de soi. En vol, tout peut arriver il faut donc être prêt à maîtriser ses émotions, comme sa voile dans toutes les conditions. C’est un sport à risques malgré tout.
Tu pratiques d’autres sports, ces activités influencent-elles ta façon de voler ?
Oui bien sûr ! En parallèle je fais du vélo, du ski et du ski de fond ainsi que du vol en randonnée. De manière générale j’aime les sports où il faut tenir sur la longueur, fournir un effort intense. J’aime cette sensation de s’être dépassé après avoir fait un long effort. Lors de la dernière étape de la Coupe du Monde en Colombie, j’avais 50 heures de vol au compteur, il faut savoir se préparer à des séances de cette intensité.
Tu as participé à de grands championnats à travers le globe. Quel effet ça fait de participer pour la première fois à une coupe du monde ?
C’est clair que c’est impressionnant d’arriver à ce niveau de la compétition, mais je n’en garde aucun souvenir trop stressant. Je me souviens surtout avoir eu un sursaut incroyable de motivation avant les épreuves.
Fin janvier, tu as remporté le titre ultime, était-ce une fin en soi ? Comment orientes-tu ta carrière à ce niveau sportif ?
Ahah ! Ce n’est pas évident de répondre à ça ! L’objectif c’est bien sûr de rester au plus haut niveau, conserver l’envie pour la discipline et surtout rester motivé.
Quels sont tes projets pour 2018 ?
Je compte bien participer au championnat d’Europe qui aura lieu au Portugal en juillet prochain ! Et surtout continuer à profiter de chacun de mes vols et en faire le plus possible.
Interview : Thomas Monteil
Photos : Laurie Genovese