Josh Wharton, bien que peu connu du grand public, s’impose comme l’un des alpinistes les plus accomplis de sa génération grâce à de nombreux exploits. Avec son compagnon de cordée Vince Anderson, il s’est attaqué au sommet du Jirishanca (6 094 mètres), situé dans la cordillère Huayhuash, dans les Andes péruviennes par la Voie Italienne ouverte en 2003. Un défi sans précédent dans un environnement en pleine mutation.
Le Jirishanca a été gravi pour la première fois dans les années 50, et il a toujours eu une aura mythique. Quand je regarde de vieilles photos, je vois à quel point la montagne a changé. On a l’impression qu’elle a littéralement fondu. Donc le constat est unanime : la montagne est devenue beaucoup plus hostile, et c'est pourquoi personne n’a atteint le sommet depuis 20 ans.
UNE PRATIQUE UNIQUE DE L’ALPINISME
Depuis des années, Wharton enchaîne des ascensions remarquables sans rechercher la lumière des projecteurs. La paternité et les effets irréversibles du changement climatique ont fortement influencé sa manière d’aborder l’alpinisme. Produit par Patagonia, le documentaire Jirishanca est bien plus qu’un récit d’ascension : c’est une réflexion intime sur la prise de risques, la résilience et les impacts tangibles du réchauffement climatique.
LE JIRISHANCA
Le Jirishanca est le dernier des pics de 6 000 mètres de la Cordillère Huayhuash à avoir été conquis. Une équipe autrichienne, dirigée par Toni Egger (le même alpiniste paradoxalement associé à l’ascension du Cerro Torre), réalise la première ascension en 1957. Compte tenu du matériel d'escalade de l'époque, leur ascension est extraordinaire. Les crampons étaient tous des modèles non rigides à sangle à l'époque, et la glace abrupte devait être escaladée à la seule force des bras, une expédition des pionniers clé pour Wharton : “Cela dit, après avoir étudié les photographies prises lors de la première ascension des Autrichiens il y a plus de 60 ans, il semble que la partie supérieure de la montagne se soit transformée d'une arête de neige large et peu inclinée en une série de toits de glace raides et complexes, de champignons de neige et d’escaliers en rocher.”
Texte de Eloïse Picard