La légende dit qu’une cigogne l’aurait déposé au pied d’un mur d’escalade. Celui de la salle gérée par ses parents. Agrippée aux prises depuis qu’elle a remplacé les couches par le baudrier, Julia Chanourdie est devenue, à force de magnésie, de lactiques et de talent, une grimpeuse professionnelle accomplie. À 22 ans, la jeune annécienne mène, en tête, la cordée de l’équipe de France sur cette voie sinueuse qui permettrait d’atteindre les parois olympiques de Tokyo 2020.
Rencontre avec celle qui a fait du mur d’escalade sa salle de jeu et des montagnes savoyardes sa cour de récréation.
Est-ce vrai que tu as appris à grimper avant même de savoir marcher ?
(Sourire) Disons qu’aussi loin que mes souvenirs remontent, j’ai toujours grimpé. Je suis née dans un milieu de passionnés. Mes parents tenaient une salle d’escalade. Donc pour moi, le mur, c’était la salle de jeu, la cour de récréation. Assez naturellement, j’ai commencé à faire quelques compétitions, à m’entrainer dans une démarche de performance, à décrocher quelques résultats nationaux puis à m’exprimer au niveau international. Depuis toujours, je suis coachée par mon père. Ce sport, c’est une histoire de famille !
Cette année 2019 revêt une importance cruciale dans l’optique des JO 2020…
Il est vrai que cette saison, le programme est extrêmement chargé. Pour me donner une chance en vue des JO de Tokyo 2020, où l’escalade sera présente sous forme d’épreuve combinée, j’ai décidé de travailler toutes les disciplines et de m’aligner sur l’ensemble des compétitions : le bloc et la difficulté, celles que je préfère, ainsi que la vitesse, qui me sort de ma zone de confort. J’ai même dû mettre en parenthèse mon cursus universitaire en STAPS pour appréhender cette année préolympique de façon optimale. Cette formation m’apportait un équilibre, et j’y reviendrai, mais avec l’enchainement frénétique des étapes de Coupe du Monde, c’était devenu injouable.
Dans cette quête du plus haut-niveau, quelle place occupe le soutien de tes partenaires ?
Leur présence est primordiale. L’appui et la confiance de mes partenaires sont un véritable levier de performance. Cela me permet d’être pleinement focus sur ma pratique sportive, sur mon entrainement, ma récupération... Au-delà de cet aspect, j’ai également été particulièrement touchée par leur bienveillance malgré une saison un peu mitigée d’un point de vue de mes résultats, l’année dernière. Ce soutien te porte et te met dans des dispositions idéales pour exprimer la meilleure version de toi-même.
Le fait que l’escalade devienne un sport olympique a-t-il créé un engouement palpable à ce niveau-là ?
Oui. Avant, l’escalade se limitait à un terrain de jeu très « outdoor » : forcément, la grimpe en falaise offre une dimension plus aspirationelle. Mais, l’olympisme, qui est une promesse de visibilité, ainsi que l’explosion des salles urbaines attirent de plus en plus de partenaires.
En quoi intégrer la Team CADS devient une force pour un jour, peut-être, accomplir tes rêves sportifs ?
(Avec enthousiasme) Dans ce projet, tout me plait ! Au-delà du partenariat, j’adhère vraiment aux valeurs et messages que laissent transparaître cette Team. Nous sommes six athlètes pratiquant un sport individuel, à haut-niveau, dans des disciplines totalement différentes, et pourtant, nous voilà réunis dans une équipe, sous les mêmes couleurs. Nous avons un objectif commun, celui de performer, mais également un point commun, un amour profond pour le territoire qui nous a vu grandir et ses montagnes devenues notre terrain de jeu.
L’appui et la confiance de mes partenaires sont un véritable levier de performance.
Texte : Baptiste Chassagne