Publié le 24 juin 2024
Isabeau Courdurier, la VTTtiste qui a trop le "style"
Portrait

Isabeau Courdurier, la VTTtiste qui a trop le "style"

Dans le tourbillon de la vie
VTT CYCLISME
|
VTT

Du haut de son mètre 54, Isabeau Courdurier impressionne à chacune de ses apparitions sur le circuit de VTT enduro. Sous la mélodie de son accent provençal, ses tenues vintage, son grand sourire et ses yeux qui pétillent, la pilote du Team Lapierre Zipp Collective cache une détermination et un courage sans faille qui l’ont menée jusqu’au plus haut sommet du VTT mondial. Triple championne du monde d’enduro, elle vise un nouveau sacre cette année, non pas pour entrer dans la légende comme la pilote la plus titrée de la discipline, mais pour se donner un nouveau challenge à la hauteur de sa passion du vélo. Retour sur un parcours de sentier en sentier à la poursuite du bonheur. 

Crédit photo : © Sven Martin

L’histoire commence dans les couleurs flamboyantes de la Provence. C’est ici, au pied de la Sainte Victoire, qu’a grandi et vit toujours Isabeau Courdurier. Un décor propice à l’aventure et à la découverte… Petite, Isabeau était inarrêtable, sa curiosité la menait de sport en sport et son énergie sans fin, la poussait toujours à aller voir un peu plus haut et un peu plus loin. « Je ne pouvais pas rester en place ! Tout ce que je pouvais faire, je le faisais ! J’étais une vraie casse-cou. Je n’avais aucune limite. » À l’âge de 5 ans, elle découvre le VTT dans les traces de son frère, et ce qui n’était au départ que l’entêtement d’une petite sœur à faire comme son grand frère, s’est imposée comme une révélation. « C’est l’une des plus belles expériences de ma vie. Je m’en souviens encore comme si c’était hier. Je me suis toute de suite sentie bien sur un vélo. J’étais à ma place. Il y a eu comme une petite étincelle, j’avais enfin trouvé le moyen de canaliser mon énergie et de m’exprimer à travers cette passion qui n’a fait que grandir depuis ce jour. » Dès l’année suivante, ses parents l’inscrivent dans le club de VTT local ; viennent alors les premiers défis, les premières compétitions en cross-country, les premiers podiums et toujours cette envie grandissante d’avancer dans la vie les deux pieds sur les pédales. Pourtant, Isabeau ne rêve pas à cette époque d’être une championne et n’imagine même pas une seconde que pilote de VTT pourrait être un métier ! Comme beaucoup d’enfants, elle a changé de métier de rêve 1000 fois et ce jusqu’à ses études supérieures où elle fait le choix de continuer dans une filière « généraliste » en école de commerce pour ne se fermer aucune porte, tout en se laissant du temps pour continuer le vélo. « Il n’y a jamais eu un moment de ma vie, où je me suis dit que j’allais devenir une pilote professionnelle. Ce n’était pas un objectif, mais une chose était sûre, je voulais continuer à faire un maximum de vélo. J’ai trouvé un équilibre entre mes études et le vélo et les choses se sont faites naturellement, petit d’un petit, jusqu’à décrocher mon premier contrat professionnel avec une équipe. » 

Je me suis toute de suite sentie bien sur un vélo. J’étais à ma place

Crédit photo : © Sebastian Schieck

 

LA RÉVÉLATION

Entre temps, du cross-country, Isabeau est passée à l’enduro, encore une fois, un peu par hasard, en suivant cette fois-ci une amie d’enfance sur une compétition et dès les premières spéciales de la journée, c’est un coup de cœur ! « En cross-country tout se joue principalement sur le physique et quand tu es crevée, ça devient très difficile d’aller chercher du plaisir. En enduro, il y a cet aspect technique de la descente qui amène de la variété. Il faut être à la fois technique, endurant et explosif. J’ai retrouvé dans l’enduro la flamme de ma toute première compétition. » D’un coup de foudre à une vocation, c’est précisément dans cette discipline qu’Isabeau va se démarquer sur la scène internationale et imposer son nom dans l’histoire du VTT… 

J’ai retrouvé dans l’enduro la flamme de ma toute première compétition

Crédit photo : © Sven Martin

En 2014, elle intègre sa première équipe, décroche son premier contrat avec la marque française SUNN, fait ses débuts sur le circuit et se lance pleinement dans l’aventure enduro, une fois ses études terminées. À présent pilote professionnelle, mais toujours les pieds sur terre, Isabeau ne se projette pas au-delà de la saison, son objectif est ici et maintenant. « J’ai voulu progresser à mon rythme, en saisissant les opportunités qui se présentaient sur mon chemin pour évoluer. Je fonctionne toujours comme ça aujourd’hui. »

La passion et l’engagement dans le haut niveau se poursuivent les années qui suivirent, avec entre autres, la création en 2018 de son propre team aux côtés de Kilian Bron et Cédric Carrez, l’Intense Mavic Collective. L’occasion pour elle de mettre à profit ses connaissances en marketing et management acquises durant ses études, notamment dans le développement d’une gamme féminine et la mise en lumière des femmes dans le VTT. Cette ambition et cette nouvelle casquette seront aussi pour elle un moyen de relâcher la pression en compétition. « Quoi qu’il puisse se passer sur la piste, il y avait toujours la perspective du team et du projet collectif. » Une philosophie gagnante ! En 2019, Isabeau remporte son premier titre de championne du monde d’enduro après avoir remporté toutes les manches de la saison. Un sans-faute qui la propulse dans l’histoire et marque le début de la légende Courdurier. 

Crédit photo : © Boris Beyer

J’ai roulé sans me poser de question, sans aucun objectif, juste celui de rouler

 

UNE HISTOIRE DE FAMILLE

Depuis la première heure, le vélo est une histoire de famille pour Isabeau. Elle a commencé pour suivre son frère et leurs parents les ont suivis à leur tour dans cette aventure. Ils étaient à leurs côtés à chaque rendez-vous et chaque compétition. Encore aujourd’hui, la maman d’Isabeau est toujours au premier rang pour encourager sa fille sur le circuit de coupes du monde.

Crédit photo : © Boris Beyer
Crédit photo : © Archive Isabeau Courdurier

Son frère n’est pas bien loin non plus, masseur-kinésithérapeute de profession, il suit Isabeau dans les coulisses de la performance, il est avec elle avant, pendant et après chaque étape.

Et dans l’ombre des victoires, il y a aussi Cédric Carrez, son compagnon et Team Manager du Lapierre Zipp Collective, qu’ils ont rejoint l’un et l’autre en 2020. Cet entourage proche est un soutien indéniable pour s’élever au plus haut du VTT. Une force précieuse qui fait toute la différence dans les moments de doute.

Et il y a aussi la communauté du vélo, une grande famille qui se retrouve à chaque étape. « Pour moi c’est essentiel d’être entourée de ma famille et de mes proches. Ça me permet de garder un équilibre sur le circuit. Quand je suis avec le Lapierre Zipp Collective, j’ai l’impression d’être en famille, on se soutient les uns, les autres. Et au-delà du paddock, la communauté du vélo est vraiment très saine et bienveillante, il n’y a pas de concurrence. Quand je suis au départ de ma descente, je suis seule face au chrono, je ne suis pas en compétition directe avec mes concurrentes. Du coup entre les filles, il y a vraiment cette envie de se pousser et de s’encourager. On est portée par le sport et l’envie d’aller plus loin. » 

Quand je suis au départ de ma descente, je suis seule face au chrono

 

GIRLS POWER

Isabeau s’est aussi démarquée sur la scène internationale du VTT en portant haut les couleurs du sport féminin.

Crédit photo : © Pyrou

Un engagement qu’elle manifeste aussi bien dans la performance, en montrant au monde entier que les filles savent rider, mais aussi à travers ses prises de paroles régulières sur la pratique sportive féminine. Inspirée par ses idoles, comme la vététiste Anne-Caroline Chausson, mais aussi la skieuse Lindsey Vonn ou encore la surfeuse Johanne Defay, Isabeau met en lumière toutes les pratiquantes. Elle travaille notamment sur des collections et gammes spécifiques avec ses partenaires pour proposer du matériel technique et performant adapté à la morphologie féminine mais aussi en tant que coach et ambassadrices des Girls Shredding Days aux 2 Alpes, un week-end 100% filles pour partager et progresser en enduro.

« J’essaie de transmettre cette passion, et de dire à toutes : allez-y c’est possible ! On est dans un sport où les fédérations, les sponsors et les médias ont joué le jeu !  Il y a certes encore beaucoup de choses à faire pour que chaque petite fille puisse avoir accès au VTT, mais il y a une belle dynamique pour pousser la pratique féminine. » 

Crédit photo : © Boris Beyer

il y a une belle dynamique pour pousser la pratique féminine

 

UN STYLE UNIQUE

Si vous avez eu la chance de croiser Isabeau sur une compétition, une chose est sûre, vous vous souvenez de sa joie contagieuse et de son style unique ! Peut-être était-elle blonde, brune, ou avait-elle les cheveux roses ce jour-là, qu’elle portait une tenue à motifs panthère ou zébrée ou encore une salopette à fleurs, Isabeau est pleine de surprise quand il s’agit de son vestiaire ! Elle affiche volontiers des looks colorés, un brin vintage, voire complètement décalés au milieu des pilotes souvent de noir vêtu… Une petite excentricité qu’elle revendique haut et fort. « Au début, j’ai essayé de me fondre dans la masse, mais ce n’était pas moi ! Alors j’ai ressorti ma collection de salopettes et mes vestes rétro ! Je m’habille comme ça dans la vie de tous les jours, j’ai donc gardé mon style sur les compétitions. »  Et c’est ainsi, que Lapierre a sorti un pro-modèle pour Isabeau dans un beau dégradé flamboyant de rose et violet ! 

Crédit photo : © Sebastian Schieck

Au début, j’ai essayé de me fondre dans la masse, mais ce n’était pas moi !

 

PARTIR AVEC LA PLAQUE N°1 

Et 1, et 2, et 3… Et 4 ?! Après son premier titre de championne du monde en 2019, puis un second en 2022 et un troisième l’an passé, Isabeau a attaqué cette saison 2024 avec sur son guidon la plaque N°1 de tenante du titre et de leadeuse incontestée. Un statut difficile à porter pour la trentenaire qui ne s’est jamais vue comme une championne, mais un challenge à la hauteur de sa détermination et de son amour du vélo. « Tant que j’aurais plaisir à progresser à vélo, je continuerai ! » 

Après un hiver rythmé par les entraînements et du renforcement musculaire « Je suis très rigoureuse et méticuleuse dans ma préparation. En enduro, le physique est indispensable, le corps doit pouvoir tenir la distance et encaisser les chocs. Je suis un « petit gabarit » ce qui ne facilite pas toujours les choses, je dois donc travailler deux fois plus. Le mental est aussi très important. Je travaille beaucoup sur mes émotions avec un préparateur mental et aussi en variant au maximum les sports et activités ; en allant courir, en faisant du snowboard ou encore du snorkeling ! Ces disciplines me permettent de m’aérer l’esprit et de me concentrer sur d’autres paramètres pour affiner mes sensations. »   

Tant que j’aurais plaisir à progresser à vélo, je continuerai !

Entourée de son Team, Isabeau a abordé comme à son habitude cette nouvelle saison avec plaisir et donc avec confiance. Un combo gagnant ! Isabeau s’est déjà démarquée sur les premières manches de la Coupe du monde avec une seconde place d’entrée de jeu en Italie, suivi d'une médaille d’or sur la seconde étape en Pologne, et pour couronner le tout, un quatrième titre de championne de France ! RDV du 6 au 8 septembre prochain à Loudenvielle dans les Hautes-Pyrénées pour l'ultime manche de la Coupe du monde et peut-être un nouveau sacre pour finir en beauté avant une petite pause…. Lors de la conférence de presse de lancement de saison, Isabeau a annoncé avec beaucoup d’émotion qu’elle ne serait pas sur le départ la saison prochaine pour pouvoir se consacrer à un autre projet d’envergure : devenir maman et poursuivre cette belle aventure en famille. 

Texte de Mathilde Boulesteix

Vous voulez des cookies ?

Ce site utilise des cookies pour garantir la meilleure expérience de navigation.

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies tiers destinés à vous proposer des vidéos, des boutons de partage, des remontées de contenus de plateformes sociales

Paramétrage de mes cookies

Au-delà des cookies de fonctionnement qui permettent de garantir les fonctionnalités importantes du site, vous pouvez activer ou désactiver la catégorie de cookies suivante. Ces réglages ne seront valables que sur le navigateur que vous utilisez actuellement.
1. Statistiques
Ces cookies permettent d'établir des statistiques de fréquentation de notre site. Les désactiver nous empêche de suivre et d'améliorer la qualité de nos services.
2. Personnalisation
Ces cookies permettent d'analyser votre navigation sur le site pour personnaliser nos offres et services sur notre site ou via des messages que nous vous envoyons.