Au sud du massif central, entre l’Aubrac et les Cévennes, le parc régional des Grands Causses offre des reliefs comme nulle part ailleurs et des paysages majestueux où se rencontrent et s’harmonisent les éléments... Du lit des rivières aux hauts-plateaux, de nombreuses lignes se dessinent pour les amateurs de sports outdoor ; des courbes envoûtantes dans un tableau aux mille et une couleurs. Sur terre et sous la terre, sur l’eau ou dans les airs, à l’horizontale ou à la verticale, des sommets cévenoles au célèbre Viaduc de Millau, la région peut se parcourir de nombreuses façons selon les envies et les humeurs. Sur notre chemin entre ciel et terre, nous avons croisé Olivier Obin et Thomas Richard, deux natifs du pays, deux passionnés de ces terres façonnées par les eaux… Embarcation immédiate pour un voyage au fil de l’eau…
Notre aventure commence sur les plateaux, sur ces causses luxuriants et désertiques à la fois, des terres arides où explosent des nuances d’or et d’ocre. Dans ces contrées karstiques, les rivières sont parties depuis de nombreuses années et l’eau s’échappe vers les profondeurs à peine le sol touché. Abandonnés des eaux, les causses ont découragé de nombreux entrepreneurs, seuls quelques bergers s’y sont aventurés… Préservés et authentiques, ils offrent des panoramas et des ambiances à couper le souffle. Sur les hauteurs, tout est une question d’instant. Le passage d’un nuage ou le souffle du vent peuvent tout transformer en une seconde. Ces paysages oniriques sont des invitations à l’errance. À pied, à cheval ou à vélo, des centaines de pistes et sentiers serpentent au travers des Causses de Sauveterre, Méjean, du Larzac et du Causse Noir, jusqu’aux rebords et au vertige des gorges...
LES CAUSSES À LA GÉNÈSE DE LA SPÉLÉOLOGIE
Si l’eau est discrète à la surface des causses, elle ré-apparait magistralement dans les abîmes de la terre. Les causses n’échappent pas au cycle de l’eau… Les pluies se sont frayées un chemin sous terre et ont créé des cavités, sources d’inspiration de nombreux spéléologues et qui cachent encore bien des mystères… Passionné d’activités outdoor, thésard spécialiste du territoire, moniteur d’escalade et de canyoning, mais aussi parapentiste et spéléologue à ses heures, Olivier Obin, la voix chantante et lumineuse, ne cache pas sa fascination pour les obscurités caussenardes.
« La spéléo, c’est l’activité mère de toutes les activités ! C’est là que tout commence… La spéléo a été inventée sur les causses par Edouard-Alfred Martel à la fin du 19ème siècle, un siècle plus tard, l’Assemblée générale fondatrice de la Fédération Française de spéléologie s’est faite à Millau. Ce sont des marqueurs forts quand on sait que la spéléo est à l’origine de toutes les activités de plein air. »
Le causse Méjean offre tout particulièrement des gouffres époustouflants, des grandes classiques aux puits verticaux à vous donner le vertige dans la pénombre. Impossible de dire le nombre exact de cavités sur les différents causses et certaines sont encore à découvrir... C’est le mot d’ordre du spéléologue : « désober » encore et toujours !
des gouffres époustouflants, des grandes classiques aux puits verticaux à vous donner le vertige dans la pénombre
DES FORTERESSES DE CALCAIRE
Aux rebords des causses, surplombant la rivière, se dressent telles des forteresses médiévales des falaises enchanteresses. Nées du karst, les falaises du Tarn, de la Jonte ou de la Dourbie offrent un rocher unique, rare et précieux, « la dolimie », un diamant à l’état brut pour les grimpeurs. « C’est une roche très tendre par rapport au calcaire classique, une roche très sculptée avec beaucoup de prises. La particularité ici, c’est qu’il y a des bacs ! Il y a des bacs dans le 5, mais aussi dans le 8 ! On peut grimper dans du gros dévers bien costaud et sur des voies très verticales mais pourtant faciles. » Cette fameuse dolomie a attiré les grimpeurs du monde entier et l’élite de l’escalade de Chris Sharma à Adam Ondra, mais, bien plus qu’une croix sur le topo, dans les Gorges du Tarn ou de la Jonte, chaque voie est une aventure... Grimper dans les gorges, c’est une ambiance, des couleurs et des frissons sous le regard des vautours…
« Ce qui me manque quand je m’éloigne des gorges, c’est la couleur... Ce rocher tantôt orangé, tantôt bleu, violet ou gris. Il y a plein de tonalités, plein de variations… Il n’y a pas autant de nuances dans les autres calcaires, c’est aussi ce qui fait la signature du lieu. » poursuit Olivier.
Ceux qui ont déjà grimpé dans les gorges, en grande voie dans la Jonte ou sur les couennes du Tarn, ont sûrement remarqué une autre particularité de l’escalade dans la région… L’engagement ! Olivier, lui-même ouvreur de nombreuses voies dans les gorges, ne le nie pas !
« Il y a une notion d’aventure dans les gorges. Tout n’est pas tracé. Dans la Jonte, les voies sont des voyages, ça a beau être court, c’est toujours des sorties palpitantes et dépaysantes. Les points sont loin, il y a du caractère dans l’équipement, il y a du caractère dans l’escalade, c’est raide et il y a du gaz... Tu vis une vraie aventure quelque soit la voie ! Et dans le Tarn, c’est pareil ! C’est un peu le parti-pris des équipeurs : ne pas suréquiper. On voulait que l’équipement se fasse oublier, donc on pas mis beaucoup de points… Oui, c’est engagé le Tarn ! »
Du 4 au 8, les grandes voies de la Jonte ne laisseront personne indifférent. Que ce soit la vue plongeante, les formations rocheuses abracadabrantesques ou le survol des vautours, l’ambiance est garantie. Et peut-être même qu’au détour d’un rocher surgira de nulle part, un spécimen bien connu de la région… Le highlineur !
Les couennes du Tarn demandent déjà un petit niveau mais, certains sites proposent quand même quelques secteurs écoles. Et le petit plus des spots dans le Tarn, c’est l’accès quasi-direct à la rivière ! Une bonne récompense après avoir fait chauffer ses biceps ! Pour continuer le roc trip lozéro-aveyronnais, les falaises des Gorges de Dourbie méritent aussi le détour.
un rocher unique, rare et précieux, « la dolimie », un diamant à l’état brut pour les grimpeurs
AU DÉTOUR DES RIVIÈRES
Quand les pluies s’abattent sur les hauteurs, que les caves sont pleines et les falaises arrosées, les eaux resurgissent avec fracas aux sources des rivières et font le plus grand bonheur des kayakistes. Le Haut Tarn et la Haute Dourbie sont des rivières de classe mondiale qui attirent chaque année de nombreux amateurs d’eaux vives. Thomas Richard a grandi sur les rives du Tarn, à Millau, depuis son plus jeune âge, il voit à chaque automne, le Tarn se gonfler des pluies… Un appel pour remonter à la source pour une descente haletante…
« On a la chance d’avoir deux parcours dans le top 10 Français de la haute rivière : le Haut Tarn et la Haute Dourbie. Ici, il n’y a pas de fonte des neiges, ça marche aux pluies, donc surtout à l’automne et un peu au printemps, dès qu’il y a un bon épisode cévenol, les vannes sont ouvertes ! »
Sur ces parcours de classe 5, les sensations se confondent entre le sentiment de glisse, la fraîcheur saisissante et la beauté des lieux.
« Sur ces parcours cévenols, c’est que de la roche-mère ; des gros rochers, bien lisses et bien sculptés, rien à voir avec les chaos de roches saillantes que l’on peut trouver dans les Alpes ou les Pyrénées. C’est du beau granite, bien poli, c’est du vrai bonheur en kayak. À l’automne, tu navigues entre les feuilles et les arbres flamboyants, c’est magnifique. »
Plus en aval, le Tarn et la Dourbie s’apaisent et deviennent des rivières idylliques pour découvrir les gorges en kayak, canoë ou en paddle durant la saison estivale.
On a la chance d’avoir deux parcours dans le top 10 Français de la haute rivière
UN RETOUR VERS LES CIEUX
Petit à petit, au fil de l’eau, le paysage s’élargit et les gorges s’évasent vers les vallées. La Jonte a rejoint le Tarn au village du Rozier, la Dourbie, elle, le retrouve un peu plus loin, à Millau. Notre voyage terrestre se termine ici. Couronnée de son célèbre Viaduc et bordée par le Tarn qui file vers la Garonne, la ville est le point de départ de nouvelles aventures aériennes. La boucle est bouclée. Après son voyage par les causses et les gorges, l’eau se camoufle avec l’air, en vapeur invisible, elle peut ainsi s’élever jusqu’au ciel. Au cours de son ascension, elle se refroidira jusqu’à atteindre son point de rosée et former de jolis cumulus.
Matérialisant le sommet des ascendances, ces petits nuages moutonneux feront la joie des parapentistes pour s’élever au-dessus des Causses. Et les amateurs de vol libre sont nombreux dans la cité aveyronnaise. Sous les auspices de la Puncho d’Agast, offrant quatre décollages d’orientations différentes, les cieux millavois se pavanent facilement de quelques voiles colorées qui s’éparpillent au fur et à mesure pour de magnifiques cross au-dessus des causses. Thomas et Olivier ont suivi le fil de l’eau jusqu’au ciel... Tous deux parapentistes, la magie du ciel des causses ne cesse de les émerveiller…
l’émotion de ces paysages vus du haut est unique
« C’est du vol de plaine, on est toujours au-dessus des montagnes, le sol défile sous nos pieds, on se sent vraiment seul et haut perché au-dessus des causses. Pourtant on est jamais vraiment seul... Les vautours nous accompagnent et nous guident dans les ascendances. » Thomas Richard
« Dès que tu pars sur les causses, l’émotion de ces paysages vus du haut est unique. Ce plaisir de survoler ces zones désertiques et de voir juste l’ombre des nuages se déplacer, c’est fabuleux. Et l’autre émotion du parapentiste ici, c’est le vautour ! Le vautour en l’air, c’est comme faire du bateau avec les dauphins… D’un coup, tu tombes dans une poésie, la rencontre avec le vautour en l’air, c’est juste totalement magique. » Olivier Obin
Et comme si ça ne suffisait pas, un peu plus en aval du Tarn, face au Viaduc, le site de Brunas offre de nouvelles possibilités et une aire de jeu 5 étoiles pour les férus de soaring, la fameuse « restit » de Brunas. « À Millau, c’est Puncho l’après-midi et Brunas le soir ! » conclue Thomas. Et si jamais ça ne volait vraiment pas ni de la Puncho, ni de Brunas, des sites de repli comme le Pic d’Antan ou de Novis permettront peut-être un petit ou long vol dans la région.
Du ciel, on découvre toutes les facettes de la région et de cette architecture karstique sophistiquée. On découvre toute la magie de ces plats infinis qui tombent sans prévenir dans le gouffre des gorges, toute la magie de cette contrée façonnée par l’eau au fil des années. Quel que soit le moyen, quelle que soit la hauteur, quelle que soit la saison, la région offre un terrain de jeu infini…
Le vautour en l’air, c’est comme faire du bateau avec les dauphins...
Pour découvrir la région dans une ambiance sportive et conviviale, quelques rendez-vous sont à ne pas manquer ! À vos agendas !
100KM DE MILLAU
25 septembre 2021
La course fêtera cette année ses 50 ans, cinquante années de plaisir partagé entre des milliers de coureurs sur 100 km. Cent kilomètres en 2 boucles au départ de Millau et sur les routes des gorges et vallée du Tarn.
100kmdemillau.com
FESTIVAL DES TEMPLIERS
21-24 octobre 2021
Premier trail créé en France en 1995, la course historique des Templiers attire chaque année des milliers de coureurs venus du monde entier. 16 courses au programme, de 4 km à l’ultra trail, sur des parcours exceptionnels entre causses et vallées.
festivaldestempliers.com
NATURAL GAMES
23-26 juin 2022
On ne présente plus les Natural Games ! Né sur le rocher des gorges, il y a plus de 10 ans maintenant, le festival est devenu une référence dans le milieu des sports outdoor. Escalade, parapente, VTT, slackline et kayak, toutes les joies et tous les possibles de la région réunis pour quatre jours de festivités, rythmées aux sons des concerts d’artistes de renommée internationale ! Un événement hors normes et unique en son genre. Du sport, de la musique et des milliers de passionnés, tous les ingrédients sont mélangés pour un cocktail explosif et savoureux ! Après une pause forcée par la crise sanitaire, les Natural Games reviendront en 2022 pour le plus grand bonheur de tous !
naturalgames.fr
De Mathilde Boulesteix