Le Team Matryx n’a rien de virtuel. Loin de la science-fiction proposée par le film éponyme, le projet est concret, les ambitions assumées et le pari osé : accompagner le Trail dans une nouvelle dimension.
Penser dès aujourd’hui ce que deviendra demain un sport encore inconnu hier. Préparer le futur d’une discipline attachée aux valeurs du passé et qui connaît au présent un engouement sans commune mesure.
Le Team Matryx, créé en janvier 2019, a recruté ce que le cyberespace montagneux français compte de plus talentueux. Thomas Janichon et Simon Gosselin, les fondateurs du projet, tous deux 24 ans, nous présentent les 10 jeunes athlètes qui ont intégré cette pépinière construite autour de la « performance responsable ».
Avant que chacun des aspirants champions n’y aillent de son conseil et de son petit secret pour réussir à l’aube de cette deuxième année d’existence.
LUCILLE GERMAIN (22 ans - Chambery)
Honneur aux dames. Et plus particulièrement à la plus jeune de nos deux Drôles de Dames : Lucille Germain. Drôle, délicate et souriante oui ! Sauf lorsqu’elle enfile ses baskets ! Là, ça ne fait plus rire personne. Surtout pas ceux qui essayent de la suivre. Celle que nous avions surnommé le Bonbon des Vosges l’année dernière est devenue, à l’issue d’une saison aussi magnifique que surprenante, notre Ricola des Alpes. Championne de France Espoirs de trail et de course en montagne, vice-championne de France de Trail chez les grandes et pour finir, médaillée d’or aux Championnats du Monde de course en montagne, avec un titre par équipe, pour sa première sous le maillot tricolore… En 2019, Lucille est allée de friandises en sucreries comme si sa gourmandise n’avait qu’une limite : celle de notre stock en chocolat noir, dont nous lui avions promis une tablette (90%, pour le job) à la sortie de chaque prestation aboutie.
"J’ai besoin d’échanger quelques mots, en direct ou par téléphone, avec mon coach, la veille de la course. Je suis d’un naturel assez stressée et manque parfois de confiance en moi… Discuter avec lui, cela me rassure, m’aide à aborder les dernières heures avec plus de sérénité."
ADRIEN GRATALOUP (20 ans - Saint-Etienne)
Il y a deux Bohêmes. Celle de Monsieur Aznavour. Celle qui valsait « à un temps que les moins de vingt ans ne peuvent connaître ». Et puis il y a notre Bohême. Adrien. Celui qui du haut de ses vingt ans twerk dans les labours. Celui qui excelle peu importe la mi-temps, peu importe la discipline. Avec ses départs de feu, baskets aux pieds, ou autour du feu, guitare à la main. Le touche-à-tout du Team, l’artiste de la troupe. Aspirant architecte de formation, il construit ses saisons en se charpentant une jolie base de vitesse sur les cross avant d’étayer son endurance sur des épreuves de raid, le tout pour se façonner de belles perspectives sur le Trail une fois l’été venu. Une polyvalence et une soif de découverte qui ont pu lui être préjudiciables lors d’une première partie de saison 2019 en-deçà de ses espérances, jusqu’à la confirmation de son énorme potentiel, au mois d’août, à Chamonix, sur la YCC, course de l’UTMB dédiée aux jeunes.
"L’odeur et la chaleur si particulières de cette pommade me mettent directement dans l’ambiance de la course. Ça déclenche en moi une envie de se dépasser très machinale et instantanée…"
LOUIS PARENT (19 ans - Chambery)
C’est pas Versailles ici ! » Pourtant, ce jour-là, cette matinée pluvieuse de juin, à Saint-Gervais, Louis Parent a mis les watts et allumé la lumière pour s’emparer du trône. Ce jour-là, le jeune prince fût couronné Roi : champion de France et de Navarre Juniors de course en montagne. Le point culminant d’une saison prometteuse pour celui qui, à 19 ans, n’a pas attendu l’éclat de ce titre pour devenir le Roi Soleil du Team. Roi Soleil, Louis l’était déjà tellement le trublion de l’équipe rayonne dans le collectif de par son énergie débordante, sa bonhommie contagieuse et sa passion déjà raisonnée de la montagne. Un vrai haut-savoyard aux senteurs de gentiane et de Reblochon que l’on n’échangerait pour rien au monde, même pas contre un Louis d’Or. Bah ouais, « C’est pas Versailles ici ! C’est les Aravis ! » !
"Je n’ai pas vraiment de rituel si ce n’est « être en accord avec mon ventre ». C’est à dire lui faire et me faire plaisir, même si c’est pas super diététique. Si la course est le matin, je déjeune mes croissants avec une pâte à tartiner faite maison ; si elle se déroule l’après-midi, je mange toujours un petit paquet de Haribo avant de partir m’échauffer…"
SIMON PACCARD (20 ans - Gruffy)
Simon, c’est à la fois le Bon, la Brute et le Truand. Le trio infernal réuni dans un seul et même petit corps biberonné aux globules rouges, au pied du Semnoz. Le Bon pote, qui jamais ne rate une occasion de porter l’étendard de l’amitié sur les plus hauts sommets. Le talent Brut. Ou la Brute épaisse, tellement cette force de la nature semble avoir été gorgée de potentiel. Le Truand. Le Truand, tout court. Espiègle et créatif à souhait, Simon, de mémoire d’homme, n’est jamais passé à côté de l’opportunité d’une taquinerie bien sentie. Un bon petit diable qui flaire les bons coups. Ou les gros coups ! Comme sur ce titre de vice-champion de France de course en montagne, sa première sélection tricolore mais surtout lorsqu’il s’est emparé du record Juniors de la légendaire épreuve de Sierre-Zinal, en Suisse.
"Je suis issu d’une famille chrétienne pratiquante. Du coup, avant chaque course, j’ai ce rituel de faire une petite prière pour remercier là-haut de me permettre de m’adonner à ce que j’aime le plus : courir."
NOÉ ROGIER (17 ans - BOURG-SAINT-MAURICE)
Si l’on a fait monter Noé dans notre Arche, ce n’est pas pour le sauver du Déluge, ni épargner les espèces animales, mais parce que nous pensons avoir décelé la bête de course qui se cache derrière ce sourire innocent. À n’en pas douter, le benjamin du Team, la dernière et la plus jeune recrue à avoir embarqué dans notre navire, a le potentiel pour déclencher des avis de tempête dans le peloton. Que ce soit en trail ou en ski alpinisme. Deux disciplines qu’il pratique avec des aspirations de haut-niveau. Noé, néo-bachelier, compte seulement 17 bougies mais quelques points de plus de VMA.
Systématiquement, avant une course, je me prépare et m’habille en écoutant de la musique trance. Ça me réveille, ça fait monter l’adrénaline, ça me motive… »
BAPTISTE ELLMENREICH (22 ans - passy)
Il était déjà le Géo-Trouvetou du Team, le voici désormais élevé au rang de Géographe. À 22 ans, Baptiste, ingénieur de formation, dénote par son audace et sa créativité. Il ne se pose jamais de frontières, que ce soit dans sa volonté d’entreprendre, son envie d’aller de par le monde ou ses ambitions sportives. Celui qui a créé sa marque de lampes frontales minimalistes et écoresponsables, fabriquées à partir de produits recyclés dans son garage, a profité de cette année 2019 pour courir le planisphère. En Chine et en Autriche, pour honorer ses sélections en équipe de France de ski alpinisme ; en Angleterre, pendant 2 mois, dans le cadre d’un stage universitaire. Il y a découvert une nouvelle discipline, le fell running, spécialité locale au cours de laquelle il a pu se venger d’un début de saison tronqué par de petites blessures en posant deux ou trois coups de Trafalgar aux coureurs de sa Majesté. En lançant son hiver 2020 par deux top 5 en Coupe du Monde de ski alpinisme, notre Géo-Trouvetou revient fort. Et pas pour jouer dans un Disney ni lire des bande-dessinées.
"Au matin de chaque course, je me lève 4h avant le départ pour déjeuner, puis je vais me recoucher une petite heure. Sinon, mon ventre me rappelle à l’ordre dès les premières minutes d’effort."
ANAiS SABRIÉ (25 ans - lyon)
Le trail est une discipline individuelle certes, mais notre ambition est d’en faire un sport collectif. Et comme dans tout sport collectif, il faut un capitaine. Un capitaine qui montre l’exemple, donne le cap et incarne nos valeurs. Un capitaine capable d’haranguer mais surtout inspirer ses troupes. Chez nous, ce capitaine est une femme. Un petit bout de femme. Pas très grande, plutôt fluette, mais qui court drôlement vite : Anaïs. Celle qui, à 24 ans, étudie en 6ème année de médecine dans le Sud de l’Allemagne, ne manque jamais une occasion de revenir dans les Alpes pour dispenser ses conseils et poser ses attaques lorsque les garçons ronronnent à l’entrainement. La lyonnaise d’origine revient tout aussi régulièrement pour chantonner la Marseillaise et garnir son palmarès déjà conséquent de performances stratosphériques. En 2019, Anais a ajouté plusieurs lignes à celui-ci : un titre de Championne de France de course en montagne, un titre de Championne du monde par équipe (7ème en individuel) ainsi que le record français sur la mythique épreuve de Sierre-Zinal.
"Que ce soit en été ou en hiver, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il fasse grand soleil, au matin de chaque course, je prends une petite douche, d’abord froide, puis tiède. Ensuite, après ce rituel, je déjeune un kiwi, une orange ainsi qu’une « mixture » maison composée de flocons d’avoine, de graine de lin, de chia, de fruits secs, de cannelle, de cacao amer et d’eau."
JOHANN BAUJARD (23 ans - annecy)
L’une de nos deux recrues de l’année 2020. Le dernier soldat à rejoindre nos rangs. Un fantassin pétri de talent qui, après une année blanche pour cause de blessure, n’a qu’une envie : enfiler le treillis du Team, aller au combat et faire parler la poudre. Habitué aux joutes internationales et à l’exigence du haut-niveau, Johann, 22 ans, a également été recruté dans une logique d’équilibre collectif. D’abord pour sa passion, car ce vrai petit gars d’la Yaute, jamais aussi à l’aise que dans les sentiers techniques, conjugue la montagne à tous les temps : sous le soleil et sous la neige. Pour sa hargne et sa rage de vaincre ensuite, qualités avec lesquelles il va pouvoir décupler la force de caractère des troupes. Car notre horde devient parfois Septième Compagnie et peut se montrer trop tendre en certaines occasions.
"J’ai un caleçon fétiche depuis toujours. Et un autre de rechange pour les courses par étape, sur plusieurs jours, je vous rassure ! C’est la première chose que je mets dans ma valise, même si je me suis déjà pris des branlées avec ou que j’ai déjà réalisé de jolies performances sans !"
ANTHONY FELBER (23 ans - annecy)
Y’a pas le feu au Lac ! Pourtant, à 22 ans, celui qui a appris à marcher, puis courir, sur les sommets surplombant la grande flaque annécienne, progresse et franchit les étapes comme s’il y avait urgence. Étudiant en Master d’architecture à l’EPFL de Lausanne, Anthony échafaude son plan de carrière et construit son évolution avec la minutie et l’audace propres aux bâtisseurs. Pas expatrié chez nos voisins helvètes pour rien, il a ramené des horlogeries suisses une précision et une régularité surprenantes pour son jeune âge. Dans son baluchon, l’épicurien du Team a également rapporté un goût certain pour le chocolat. Gourmandise que le gourmet s’autorise uniquement après une jolie performance. Donc autant dire qu’en 2019, il a pu faire sauter la banque de Toblerone. En point d’orgue, en cerise non pas sur le gâteau mais dans le Mon Chéri, un titre de vice-champion de France Espoirs de Trail et un top 20 sur une échéance internationale, en Italie, qui lui permettent d’être le premier à effectuer la jonction, d’une foulée féline, entre Team Espoirs et Team Élites.
"J’adore expérimenter d’un point de vue culinaire et bien souvent, les amis du Team constituent mes meilleurs cobayes ! Ma créativité a peu de limites. Il m’arrive régulièrement de mettre un légume au centre du menu et le décliner en entrée, en plat et en dessert."
Baptiste chassagne (26 ans - lyon)
À 26 ans, Baptiste est le doyen du Team à l’heure de présenter sa carte d’identité. Mais pas à celle de témoigner d’un passé à haut-niveau. L’athlète qui compte le plus de bougies sur son gâteau d’anniversaire est également celui à qui reviendrait la plus petite part si l’expérience était une tarte. Natif de Lyon, diplômé de Sciences Po Paris, on en viendrait presque à se demander où ce citadin a puisé son appétit des grands espaces. En 2019, gourmand en dossards, vorace de kilomètres et parfois glouton en entrainements, il s’est coupé une belle tranche d’apprentissages. Avec d’abord 6 premiers mois au régime sec en termes de résultats, puis, une fin de saison beaucoup plus savoureuse, une fois l’exigence inhérente à la démarche de performance assimilée. En guise de mignardises : une médaille de bronze aux Championnats de France de Trail long, une 6ème place à l’OCC, du chocolat à la SaintéLyon (4ème) et un axe de travail identifié pour 2020 après plusieurs cuissons mal maitrisées sur le sujet : le sprint final.
"Je m’entraine toujours à jeun, même pour des sorties très longues. Les jours de course, je fais donc très simple pour le petit-déjeuner afin de ne pas trop brusquer mon estomac : une assiette de pâtes accompagnée de raisins secs à 6h du matin et le tour est joué. Après l’effort, ma récupération ne s’opère jamais sans un pain d’épices, ma madeleine de Proust ! "
CONSEILS DE LA TEAM
LUCILLE
Ne pas avoir peur de s'entrainer avec les garcons
J’ai commencé le sport par le ski de fond, dans les Vosges, d’où je suis originaire. Or dans mon club, il n’y avait aucune fille de mon âge. Je skiais donc avec les garçons… Au début, c’était un peu dur d’être souvent derrière ! Mais au final, cela m’a endurci, ça m’a appris à ne jamais rien lâcher !
JOHANN
Une seance de moins vaut mieux qu’une seance de trop
Le conseil le plus sincère que je puisse donner, c’est être patient et progressif dans sa pratique. J’entends par-là dans la fréquence, le volume et l’intensité des entrainements. Il faut y aller étape par étape. Accepter qu’une séance de moins vaut mieux qu’une séance de trop. Une philosophie que je n’ai pas respecté au départ et résultat, sur les 4 dernières années, j’ai fait 2 saisons blanches…
SIMON
Adepte de l'entrainement croisé !
Croiser les disciplines à l’entrainement et ne pas faire que de la course à pied est selon moi un moyen incontournable pour éviter les blessures, la monotonie et ainsi conserver une motivation optimale tout au long de l’année. Mes récupérations se font donc très souvent en vélo de route, en VTT ou en ski !
NOÉ
Une coupure basee sur le sport plaisir
J’ai beau n’avoir que 17 ans, j’essaye d’être le plus à l’écoute possible des signaux que peut m’envoyer mon corps pour éviter la fatigue générale. Dans cette logique, je recommande vraiment une bonne coupure avec le Trail durant l’année : pendant quelques semaines, ne faire que du sport plaisir, d’autres disciplines, sans contrainte ni objectif de performance !
LOUIS
En descente, la cle c'est d'etre le plus relache possible
En descente, la clé c’est d’être le plus relâché possible. Il faut que le mouvement soit à la fois souple et fluide. L’idée, c’est également porter son regard 3 mètres devant et se pencher légèrement en avant pour baisser son centre de gravité. Le secret, c’est enfin d’avoir une vitesse élevée pour diminuer le temps de contact et donc les impacts avec le sol.
ANTHONY
Inverser le sens de ses sorties
Pour esquiver le risque de routine à l’entrainement, je recommande de varier les parcours ! Même si vous avez un itinéraire de prédilection, vous pouvez le prendre en sens inverse, changer de trottoir, emprunter les sentiers adjacents, passer à droite plutôt qu’à gauche… Pour ma part, j’adore tracer le parcours de mes séances la veille, puis les charger dans ma montre GPS, en cherchant toujours un maximum de nouveaux chemins.
ADRIEN
Trouver un groupe d'entrainement
Je partage au moins 2 à 3 entrainements par semaine avec mon coach et mes copains du club. Courir en groupe, c’est une super source de motivation ! L’émulation collective t’empêche de tomber dans la routine ou le confort. Cela te pousse dans tes retranchements, notamment les jours où la forme n’est pas au rendez-vous.
BAPTISTE E.
Du ski de rando en hiver
Pour ceux qui le peuvent, laisser les baskets au placard et chausser les skis lorsqu’il neige est une formidable technique pour régénérer la motivation et reposer les articulations tout en travaillant des qualités primordiales comme la force et la proprioception.
ANAÏS
Se fixer un ou deux objectifs principaux par saison
Le coureur à pied n’est pas un robot mais bien un être humain. Il lui est donc impossible d’être toujours à fond, de réaliser une belle performance sur chaque épreuve… Je conseille donc de cocher 2 à 3 dates maximum où vous souhaitez arriver sur un pic de forme et travailler autour, à l’entrainement et sur des courses de préparation où vous pourrez tester le matériel, expérimenter l’adrénaline…
BAPTISTE C.
Le vélo, mais pas forcement en extérieur
Ayant un travail assez prenant mais souhaitant m’entrainer un maximum, j’ai intégré les séances de Home Trainer (vélo indoor) dans mon planning hebdomadaire ! Le plus gros avantage, c’est qu’en une petite heure, il est possible de réaliser une session de grande qualité sans que cela soit trop chronophage. Et ça, peu importe les conditions extérieures.
Baptiste Chassagne