Photographe sportif professionnel indépendant basé à Stuttgart, en Allemagne, Christoph Laue a l’oeil aussi affuté que les images capturées par ses objectifs. Ses clichés de VTT saisissent à la fois la vitesse et la dextérité des athlètes, tout en mettant en valeur la beauté des paysages. Cette alchimie confère à ses images une atmosphère unique, illustrant parfaitement le fameux « instant décisif ».
Pour commencer, peux-tu me parler de toi et quelle est ton histoire avec la photographie ?
Pour moi, tout a commencé avec le VTT en montagne. J'ai commencé à pratiquer ce sport grâce à mon frère aîné et j'ai passé beaucoup de temps dans la forêt à construire des sentiers pour pratiquer. Une autre chose que j'aimais quand j'étais enfant, c'était être créatif. Après quelques années de graffitis, je me suis lancé dans le graphisme, ce qui m'a conduit à la photographie. Le métier de photographe sportif est devenu mon objectif, car il combinait mes deux passions : les sports de vélo et la créativité. Après mon apprentissage en tant que graphiste, j'ai suivi une formation professionnelle en photographie. Pendant cette période, j'ai été publié dans des magazines de vélo de montagne et j'ai développé mes compétences en participant à de nombreux événements et en prenant des photos avec des amis. Dans les années qui ont suivi, j'ai travaillé en tant qu'assistant de photographes et je suis devenu photographe indépendant. Aujourd'hui, je travaille principalement pour des marques de vélos et des marques outdoor. Bien sûr, je continue à réaliser des projets créatifs en parallèle.
Le métier de photographe sportif est devenu mon objectif, car il combinait mes deux passions : les sports de vélo et la créativité
Comment décrirais-tu ton style ?
Je pense qu'il est difficile de décrire son propre style mais j'ai eu écho de personnes disant qu'ils reconnaissaient mon utilisation de la lumière dans mes clichés.
Qu'aimes-tu le plus dans la photographie de mouvement et de sport ?
La photographie permet de figer le mouvement et de raconter l'ensemble du mouvement en une seule et unique prise de vue.
Quelles sont tes inspirations ?
Chaque jour et chaque situation de la vie quotidienne peuvent être une source d’inspiration. Laisse-moi te donner un exemple : Ma fille a reçu un kaléidoscope bricolé pour son anniversaire. Pendant que nous le construisions, j'ai commencé à jouer avec les reflets, produits par les miroirs et les pierres colorées, et les effets du kaléidoscope. J'ai pris quelques photos avec mon téléphone portable et j'ai commencé à comprendre comment la disposition des miroirs crée des effets uniques et fascinants.
Chaque jour et chaque situation de la vie quotidienne peuvent être une source d’inspiration
La décision était claire, je devais en construire un plus grand et l'essayer avec des sports d'action. Après avoir trouvé trois miroirs similaires, le jeu était lancé. Le défi pour mon assistant Jochen était d'équilibrer mon triangle de miroirs fait maison avec du ruban adhésif. Nous avons caché les stroboscopes et joué avec la lumière, les couleurs, les lignes des miroirs et l'architecture du pont. Nous étions heureux de trouver la combinaison parfaite entre l'action de Julian et les autres éléments du décor. Ce que j'aime dans cette photo, c'est qu'on peut toujours être inspiré par les petites choses de la vie lorsqu'on écoute son enfant intérieur.
Tu as dit que « la photographie consiste à capturer des moments uniques », pour toi qu'est-ce qu'un moment unique ?
En tant que photographe de vélo, tu es toujours à la recherche d'images uniques. C'est amusant de travailler sur de nouvelles idées et d'être créatif. Parfois, il y a beaucoup de planification et de préparation derrière une seule photo, mais parfois les idées se développent sur place avec le décor. Et quand tu as de la chance, tout se passe bien.
La décision était claire, je devais en construire un plus grand et l'essayer avec des sports d'action. Après avoir trouvé trois miroirs similaires, le jeu était lancé. Le défi pour mon assistant Jochen était d'équilibrer mon triangle de miroirs fait maison avec du ruban adhésif. Nous avons caché les stroboscopes et joué avec la lumière, les couleurs, les lignes des miroirs et l'architecture du pont. Nous étions heureux de trouver la combinaison parfaite entre l'action de Julian et les autres éléments du décor. Ce que j'aime dans cette photo, c'est qu'on peut toujours être inspiré par les petites choses de la vie lorsqu'on écoute son enfant intérieur.
la combinaison parfaite entre l'action de Julian et les autres éléments du décor
Tu as dit que « la photographie consiste à capturer des moments uniques », pour toi qu'est-ce qu'un moment unique ?
En tant que photographe de vélo, tu es toujours à la recherche d'images uniques. C'est amusant de travailler sur de nouvelles idées et d'être créatif. Parfois, il y a beaucoup de planification et de préparation derrière une seule photo, mais parfois les idées se développent sur place avec le décor. Et quand tu as de la chance, tout se passe bien.
Pour saisir cet instant décisif, cette seconde d'action, il faut être conscient du timing. Est-ce une technique difficile à maîtriser ?
Pour être honnête, le timing est un aspect qui est devenu plus facile à maîtriser de nos jours grâce aux progrès techniques des caméras. Bien sûr, il faut toujours trouver le bon angle pour le mouvement spécifique. Et tu dois toujours comprendre le sport que tu filmes pour être le plus fidèle à la pratique et à la philosophie de celui-ci.
Chaque discipline a ses propres charmes. C’est impossible de s'ennuyer !
La photographie de sport, et plus particulièrement de vélo, est vraiment singulière. Qu'est-ce qui la rend si spéciale par rapport à d'autres pratiques sportives ?
Je pense que chaque sport a ses propres thèmes. Dans le vélo, les différents contextes et paramètres vont des montagnes aux forêts en passant par les zones urbaines. Pour moi, illustrer la vitesse et l'esthétique de l'action dans ces environnements est ce qui les rend spéciaux et beaux. De plus, la photographie de vélo offre tant d’aspects et de perspectives différentes. Elle va de la descente au cyclisme sur route en passant par la mobilité urbaine. Chaque discipline a ses propres charmes. C'est la raison pour laquelle je suis toujours dans ce domaine après tant d'années - c’est impossible de s'ennuyer !
Rouler et construire dans la forêt, tout cela m'a inspiré pour illustrer ce sport en images.
Tu as une passion particulière pour le VTT. Qu'est-ce qui t'attire le plus dans ce sport et comment cela influence-t-il ton approche de la photographie ?
Quand j'étais enfant, faire du vélo avec mes copains était un pur plaisir. Rouler et construire dans la forêt, le style de vie, les magazines et la communauté - tout cela m'a inspiré pour illustrer ce sport en images. Lorsque l'on fait quelque chose avec passion, on est tellement motivé pour s'améliorer dans ce que l'on fait. Je pense donc que l'esprit de mes débuts me motive toujours à être créatif.
Quels équipements, appareils photos et objectifs utilises-tu habituellement ?
Dans mon sac, il y a généralement un Nikon Z9 et un Z7II. Il y a aussi un DJI Mavic 3 Pro ou un DJI Mavic Mini 3 Pro. En ce qui concerne les objectifs, j’utilise un fish eye, 14-24mm, 24-70mm, 70-200mm. J'emporte aussi des objectifs fixes, 50mm f1.2, 85mm f1.2, 135mm Plena f1.8, 400mm f4.
Tu as mentionné que ton premier appareil photo, un Nikon D200, a été un grand tournant pour toi. En quoi cette acquisition a-t-elle influencé ta carrière ?
Le Nikon D200 et mon Nikon D70s ont été mes premiers appareils photo numériques. Par rapport aux appareils analogiques, ils étaient dotés d'un écran. Cela me permettait de revoir les photos pendant le processus, ce qui me permettait de répéter les prises de vue et les rendre parfaites directement sur place.
Tu as mentionné que ton premier appareil photo, un Nikon D200, a été un grand tournant pour toi. En quoi cette acquisition a-t-elle influencé ta carrière ?
Le Nikon D200 et mon Nikon D70s ont été mes premiers appareils photo numériques. Par rapport aux appareils analogiques, ils étaient dotés d'un écran. Cela me permettait de revoir les photos pendant le processus, ce qui me permettait de répéter les prises de vue et les rendre parfaites directement sur place.
l'un de mes endroits préférés est le désert de l'Utah
Tu participes souvent à des concours de photographie, quel en est le but? Qu'est-ce que cela apporte à ta carrière ?
Selon moi, le but d'un concours de photographie est de créer des images que l'on n'a jamais vues auparavant dans le milieu du VTT. Je veux donner aux gens une nouvelle expérience, au risque qu’ils n’adhèrent pas forcément. Cela permet de garder l'esprit frais !
As-tu des anecdotes sur un tournage que tu as effectué ?
Lorsqu’on voyage autant, il y a tant d'histoires à raconter. Ce que j'aime vraiment, ce sont les gens sympas que tu rencontres et les situations où des inconnus t'offrent leur aide. Un exemple est mon premier voyage au Red Bull Rampage en 2012. Je voyageais sans voiture. Lorsque je suis arrivé à l'aéroport de Vegas, j'ai pris un bus pour St. George. Il était très tard dans la nuit et il était presque impossible d'obtenir un trajet jusqu'à Hurricane. Le chauffeur de bus a eu tellement pitié de moi qu'il m'a emmenée en bus après la fin de son service. Nous avons discuté et il m'a fait sentir que j'étais le bienvenu. C'était mon premier voyage aux États-Unis et beaucoup d'autres ont suivi. J'apprécie toujours les nombreuses personnes amicales et ouvertes que l'on rencontre quand on voyage.
Quel est ton lieu, paysage ou événement préféré à photographier ?
Euh, par où commencer ? Il y a tellement d'endroits magnifiques dans le monde pour prendre des photos en VTT. Mais l'un de mes endroits préférés est le désert de l'Utah. L'un de mes événements préférés, le Red Bull Rampage, s'y déroule et offre un cadre unique.
Je veux donner aux gens une nouvelle expérience, au risque qu’ils n’adhèrent pas forcément
Pour finir, quels conseils donnerais-tu aux jeunes photographes qui souhaitent se lancer dans la photographie de sport ?
Continue toujours à faire ce que tu aimes et n'hésite pas à essayer de nouvelles choses ! Peu importe si quelque chose ne fonctionne pas. On apprend vraiment de chaque expérience ! Pour devenir photographe de sport, travailler avec des athlètes locaux peut aussi te permettre de t’améliorer. C'est un processus assez sympa et tu peux rapidement progresser.
Texte d'Eloïse Picard