Publié le 29 juin 2024
Capucine Delannoy, jeune prodige du kitesurf, nous raconte son parcours
Crédit photo : © Vincent Schaap
Interview

Capucine Delannoy, jeune prodige du kitesurf, nous raconte son parcours

La jeune prodige du kitesurf à le vent en poupe
SPORTS NAUTIQUES
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KiteSurf

À tout juste 18 ans, Capucine Delannoy émerge comme une véritable révélation dans le monde du kitesurf mondial. Avec deux titres mondiaux à son actif en seulement six mois, cet exploit remarquable témoigne de sa virtuosité naturelle et de sa persévérance inégalée, propulsant ainsi la jeune femme au sommet de son sport. Rencontre avec une championne qui défie les éléments.

Les rayons dorés du soleil se miroitant dans les creux des vagues, s'entrechoquant avec sa planche, dépeignent Capucine Delannoy comme une athlète émanant une coolitude déconcertante. Originaire d'Annecy et née en 2006, "Capu" a été nourrie par la quête constante du dépassement de soi depuis sa plus tendre enfance.

Crédit photo : © Samuel Cardenas

PREMIÈRES ENVOLÉES DANS LE KITE 

Tu as fêté tes 18 ans il y a quelques mois et ton parcours sportif est déjà remarquable. Pourrais-tu te présenter pour ceux qui ne connaitraient pas encore ?

« Mon enfance a été marquée par un parcours entre 2 pays et 2 passions. Originaire d'Annecy, mes parents ont décidé de s'installer au Brésil quand j'avais environ 7 ans, ils étaient tombés amoureux de Preá, où nous habitons toujours. C'est là-bas que j'ai découvert ma passion pour le kitesurf. Pendant longtemps, nous passions six mois au Brésil et six mois en France. L’hiver je dévalais les pistes en ski, l’été c’était kitesurf ! À 12 ans, j'ai participé à ma première étape des Championnats du Monde, qui se déroulait chez moi. Cette expérience a été déterminante, et j'ai alors fait le choix de me consacrer totalement au kitesurf, laissant de côté le ski. Depuis, je participe à chaque étape du championnat du monde, évoluant sur le GKA Kite-Surf World Tour ! »

Tu commences ta carrière sportive avec le ski alpin et le slalom à La Clusaz. Quel est ton rapport au sport ?

« Le sport a toujours été une part très importante de ma vie, probablement parce que mes parents et mon grand frère sont de grands sportifs ! Dès mon plus jeune âge, ils nous ont encouragés à nous impliquer dans une activité sportive. J'ai essayé diverses disciplines, mais c'est le ski qui a réellement marqué mon enfance et qui est resté mon principal domaine d'expression. À côté, j’ai essayé d’autres sports comme la danse classique mais ça ne me correspondait pas trop (rires). »

Quelle place la compétition occupe-t-elle dans ta vie depuis ton enfance ? 

« J'ai chaussé mes premiers skis dès mes 3 ans, et étant donné que nous vivions à La Clusaz, rejoindre le Club des Sports était une évidence. Cela m'a immédiatement plongée dans l'ambiance de la compétition. Quand j'ai découvert le kitesurf, mon frère était déjà bien engagé dans la compétition, donc pour moi, suivre ses traces semblait être la suite logique ! »

L’hiver je dévalais les pistes en ski, l’été c’était kitesurf

Crédit photo : GKA Kite World Tour © Romant Sova photo

Sur la vague tu te sens totalement libre, et ce qui est vraiment génial, c'est la progression.

Crédit photo : © Vincent Schaap

Peux-tu me parler de ton histoire avec le kite ? Pourquoi ce sport ? Comment as-tu commencé ?

« Je ne me rappelle pas vraiment, j'étais tellement petite à l'époque ! (rires) Mais au départ, on pratiquait des downwinds, tu sais, ces sortes de descentes où tu suis le vent d'un point à un autre. J'ai vraiment commencé parce que je voulais partager cette activité en famille. J’en faisais vraiment pour le plaisir et quand j’ai fait ma première compet’, à 12 ans, j'ai vraiment accroché et j'ai commencé à m'investir davantage, ce qui m'a permis de progresser rapidement dans la discipline ! »

Quelle est la chose que tu préfères dans ce sport ? 

« Il y a deux disciplines dans le kite : le “freestyle” avec les figures et la “vague”. Au début, je faisais plus de freestyle parce que là où on habite au Brésil il n’y a pas assez de vagues. J’étais meilleure en freestyle et j’avais un retard en vague. L’année dernière et cette année, je m’y suis vraiment mise et c’est une sensation que j’adore. Tu te sens totalement libre, et ce qui est vraiment génial, c'est la progression. En travaillant régulièrement, tu sens que tu t'améliores vraiment rapidement. C'est une sensation incroyable à chaque fois que tu prends une vague et que tu réussis un virage, ou que tu parviens à exécuter une nouvelle figure. C'est cette sensation de progrès et d'amélioration que j’adore ! »

Je me sens vraiment très mal après un échec

Crédit photo : © Samuel Cardenas

LA RIDE 

Face à l'immensité de l'océan, elle se tient, contemplant un espace naturel sans frontières, imprégné d'un esprit de liberté indomptable : voilà la philosophie du kitesurf. Invention d'origine française, ce sport combine l'aile, la planche et les rafales de vent dans une danse harmonieuse. Qualifié d'extrême, les riders flirtent avec la surface de l'eau et s'élancent dans les airs au rythme de figures acrobatiques. Mais le kitesurf va au-delà d'une simple activité sportive ; c'est une communauté unie par une passion commune pour les vagues et le vent.

 

ENTRAÎNEMENT SUR LES PLAGES DE PREÁ :
LE SPOT PAR EXCELLENCE 

Praia do Preá s'est imposée comme LE spot incontournable pour les passionnés de kitesurf à la recherche des alizés le long de la côte du Nordeste brésilien. C'est dans ce petit village de pêcheurs, reconnu comme la Mecque du kitesurf, que Capucine peaufine son art sur sa planche.

Avec des températures avoisinant les 25 degrés toute l’année et un vent idéal soufflant de juin à décembre, sans oublier des plages à perte de vue, il n'est pas étonnant que la championne dompte les vagues comme personne…

Tu es actuellement en train de préparer ton baccalauréat. Comment arrives-tu à concilier tes études/lycée avec la compétition ?

« J’étudie grâce au CNED, ce qui me permet d’étudier à l’école française, mais à distance, tout est en ligne. C’est un programme qui me permet une grande flexibilité dans mon organisation. Donc quand j'ai un shooting photo avec mes sponsors ou une compétition, je peux travailler avant ou récupérer mon retard après. »

Crédit photo : © Vincent Schaap

À quoi ressemble ta saison et tes entraînements ? 

« Ma saison dépend énormément du vent ici au Brésil. Elle commence en juin et va jusqu'à décembre, période pendant laquelle je m'entraîne ici entre chaque compétition. Ensuite, de janvier à mai, je dois trouver d'autres spots pour m'entraîner. En général, en fin d’année, je rentre en France pour les fêtes, puis je me concentre sur les vagues en début d'année. La seconde moitié de l'année est dédiée à l'entraînement freestyle. »

Comment trouves-tu la motivation après un échec ou des résultats moins satisfaisants que prévu, même si tu n'en as pas beaucoup à ton actif ?

Perdre, c’est vraiment quelque chose que je n’aime pas ! (rires). Je me sens vraiment très mal après un échec et ce qui me motive c’est de me dire que je n’ai plus jamais envie de me sentir mal comme ça ! Ça prend en général quelques jours, parfois quelques semaines et après j’ai encore plus de motivation pour que cela ne se reproduise plus !

je n’ai plus jamais envie de me sentir mal comme ça !

HISTOIRE DE FAMILLE 

Selon toi, qu’est-ce qui t’a permis de devenir aussi forte mentalement et physiquement ?

« Je suis très bien entourée. Mes parents m’aident beaucoup, en particulier mon père qui me coache. Il m’aide beaucoup sur la partie mentale, il sait quand j’ai besoin que quelqu’un me pousse ou me réveille un peu (rires) et quand j’ai besoin de réconfort. On a une belle relation. En plus, j’ai un coach « Silas » pour toute la partie physique. Ce sont ces 2 piliers, qui, je pense, font la différence. »

Crédit photo : © Vincent Schaap

Peux-tu me parler de la relation si particulière que tu entretiens avec ton frère Camille ? Qu’est-ce qu’il représente pour toi ? 

« Je rigole toujours en disant que mon frère c’est ma meilleure amie (rires). Je me sens tellement chanceuse de pouvoir partager tout ça avec lui, le mois dernieron est partis au Portugal pour s’entraîner ensemble. On a 7 ans d’écart et pourtant on s’entend tellement bien ! C’est génial d’avoir quelqu’un avec qui je peux parler de compét’, qui me comprend si bien ! » 

 

VICTOIRES MONDIALES 

Qu’est-ce que tes deux titres mondiaux représentent pour toi ? De la fierté, j’imagine, mais aussi peut-être aussi une forme de pression. Comment arrives-tu à gérer ces émotions, ces doutes ?

« En 2021, j'ai été vice-championne du monde et championne du monde junior, puis en 2022, j'ai décroché 2 titres de championne du monde senior dans 2 disciplines différentes. L'année dernière, j'ai été double vice-championne du monde chez les seniors. Au début de ma carrière, j'ai ressenti une certaine pression car j'étais très focalisée sur les résultats. Aujourd'hui, mon entraînement est plus axé sur la performance. Lorsque je participe à une compétition, évidemment je vise le podium, mais surtout, je veux montrer ce dont je suis capable et mon niveau. Adopter cet état d’esprit me permet de mieux gérer la pression. »

Quelles émotions ressent-on lorsque l’on remporte un titre mondial ? 

« C’est une émotion assez particulière à décrire parce que tu es super heureux et à la fois tu te dis : “WOW, toutes ces heures d’entraînements, ça vaut vraiment la peine !” Tu t’entraînes pendant longtemps avant un championnat et il y a des moments où tu es sûre de toi, et aussi des périodes de doutes. Alors quand tu remportes un titre, tous les doutes s’en vont. Je dirais aussi que c’est très addictif comme sentiment. Le lendemain d’une victoire, je retourne à l’entraînement parce que j’en veux plus. J’ai ce petit problème où je pense souvent à la réussite suivante et aussi du coup, je ne profite sûrement pas assez du moment ! »

Le meilleur conseil que l’on ait pu te donner et qui t’inspire ou auquel tu penses régulièrement ?

« Dans la même journée où j'ai essuyé une défaite particulièrement difficile, j'ai eu l'occasion de rencontrer trois ou quatre anciens champions du monde. Ils m’ont tous dit la même chose : “let that fire burn”, laisse le feu brûler, sous-entendant que cette passion doit être alimentée pour te donner encore plus de motivation. Cette phrase résonne en moi, car dans les mois qui ont suivi, j'ai non seulement remporté des victoires, mais j'ai également beaucoup appris. »

je veux montrer ce dont je suis capable et mon niveau. 

Crédit photo : © Vincent Schaap

 

UN FUTUR RADIEUX 

Au vu de ton palmarès et la détermination que tu mets dans ta carrière déjà bien remplie, est-ce que tu as des objectifs et des rêves pour le futur ?

« Déjà, j'aimerais récupérer mon titre parce que l’année dernière j’ai fini deux fois vice championne du monde, donc cette année et les années suivantes, c’est le but ultime ! Plus largement, ce qui m’attire vraiment c’est de promouvoir l’image des femmes dans le sport, spécialement dans le strapless parce qu’il n’y a pas beaucoup de femmes. Je veux montrer aux jeunes filles qu'elles sont tout aussi capables que les garçons de réaliser des figures impressionnantes ! »

C’est la transition parfaite à ma dernière question. En tant qu’athlète de la nouvelle génération, est-ce que tu aurais un message pour ces jeunes filles ou femmes qui souhaiteraient se lancer dans le kitesurf ?

« Allez-y, vous allez réussir ! Ça va être dur au début, tu vas tomber et passer des heures dans l’eau, mais ça va marcher c’est certain ! »

montrer aux filles qu'elles sont tout aussi capables de réaliser des figures impressionnantes !

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