Publié le 7 avril 2025
La Cape Epic : La Mecque du VTT en Afrique du Sud, avec Maël Desrieux
Crédit photo : © DR
Carnet de voyage

La Cape Epic : La Mecque du VTT en Afrique du Sud, avec Maël Desrieux

Une aventure colorée aux confins de l'Afrique du Sud
VTT CYCLISME, AVENTURE
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VTT

Il est de ces concrétisations qui demandent du temps. De ces rêves qui, irrémédiablement, demeurent louvoyants. Aussi, ma fascination pour l’Afrique du Sud est née il y a plusieurs années. Elle me rappelle ces longues heures d’amphi à scruter mon téléphone avec envie. À cette époque, en Europe, l’hiver sévit. Les mathématiques, elles, m'ennuient. Mais sur mon écran, c’est l’été qui danse et les contours d’une course contre la montre qui se nuancent. Celles d’un mythe, celle de LA course de VTT par excellence, celle qu’on appelle la Cape Epic.

Concours de circonstances ou simple hasard de la vie, mon aventure au long cours dans le petit monde du VTT ne m’aura jamais amené à relever le défi, maintes fois fantasmé. Elle aura néanmoins suffi à graver dans mon esprit une attirance immodérée pour ces scintillants récits. Ceux qui ne s’écrivent nulle part ailleurs que là-bas. Au beau milieu d’une nation que l’on aime à appeler arc-en-ciel.

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Mario Kart Arcade GP2 ou le 2e opus


Désormais retiré des circuits de VTT, j’ai néanmoins conservé le goût de l’effort et la passion de l’exploration des grands espaces qu’il permet. J’ai ressenti le besoin d’aller m’aventurer au-delà d’un halo devenu trop familier, quitte à risquer de flirter avec des lueurs tamisées. Celles de la natation ou de la course à pied. Car repartir de zéro, c’est souvent la promesse de rapidement accélérer là où l’on stagnait. Exquise célérité.

Vous l’aurez donc compris, c’est par le biais d’un prisme nouveau que j’ai décidé d'entrevoir cette aventure. Celui du Xterra, le triathlon sous sa forme outdoor.

L’Afrique du Sud accueille, en effet, chaque février une manche de ce label privé. Au programme : 1500 m de natation, 35 kilomètres de VTT et 10 de trail. Le tout dans un cadre somptueux, sur les hauteurs de Grabouw, une petite ville encaissée entre les montagnes du Kogelberg et des Groenland Mountains, à une heure à peine de Cape Town.

L’Afrique du Sud, un lieu où les rêves d’aventure se dessinent dans la chaleur du désert et la fraîcheur des montagnes, un terrain d’exploration où chaque virage dévoile un nouveau défi

Le monde de Mario


Là où nous avons foulé pour la première fois le sol sud-africain, là où les étoiles dans nos yeux ont commencé à s’illuminer, et là où il convient donc de démarrer la narration. Rassurez mes amis montagnards, il n’est pas dans mes habitudes de m’extasier de l’esthétique d’une ville. C’est d’ailleurs probablement les reliefs avoisinants qui confèrent au Cape son scintillement unique.

De l’Est à l’Ouest : Lion’s Head, Table Mountain, Devil’s Peak. Autant de sommets à gravir ou encore de spots incontournables pour admirer le coucher de soleil. Au loin, l’océan s’étire et son bleu azur tranche avec l'anthracite des parois au-dessus desquelles on se hisse.

Si la palette du peintre sud-africain est éclatante, on aurait préféré qu’elle ne soit jamais faite exclusivement de cavités disjointes. Car paradoxalement, la beauté la plus pure émane souvent du mélange. Fort heureusement, l’apartheid a finalement été aboli en 1991, débouchant quelques années plus tard sur l’élection du premier président noir du pays, en la personne de Nelson Mandela. Aujourd'hui, si la situation s’est améliorée, il reste malheureusement des réminiscences de cet obscur passé. L’Afrique du Sud demeure en effet un des pays les plus inégalitaires au monde.

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3, 2, 1... Partez !


Mais revenons-en, si vous le voulez bien, à Grabouw, pour cette première course du calendrier de Xterra. Les Sud-Africains m’avaient prévenu : la journée sera douce, entendez par là extrêmement chaude, puisque le mercure affiche pas loin des 33 degrés Celsius. Je savais que tôt ou tard la prépa sur les skis finirait par payer !

Pas le temps de plaisanter plus longtemps, aux abords du lac Eikenhofdam, le départ est donné. Ne faisant pas partie des plus éminents spécialistes de l’hydrodynamique, je me retrouve rapidement à évoluer au milieu de la masse des concurrents. La bataille fait rage et l’eau sombre dans laquelle nous glissons n’aide en rien à s’orienter vers la première bouée. Quand soudain, stupeur, je distingue plusieurs personnes en train de marcher, au sens propre. En effet, le niveau d’eau a ponctuellement baissé et autorise momentanément l’aquajogging ! Décidément, l’Afrique est pleine de surprises.

Une bonne vingtaine de minutes plus tard, après qu’un fort courant se soit chargé de remettre tout le monde à sa place, je sors de l’eau aux alentours de la 40e position.

En levant la tête, je distingue du vert ardent de la forêt, une traînée ocre qui serpente à flanc de colline. Je connais la suite et elle s’annonce folle : 35 km de singletracks sablonneux et rocailleux à souhait. Avec comme point d’orgue, l’Elgin Rock Garden, où la sensation de rouler sur une autre planète au milieu de ces formations rocheuses de grès blanc est incroyable. Quelques kilomètres suffisent à étirer mes zygomatiques et à me faire frémir. C’est un immense shoot de kiff que je prends là !

À l’issue d’une folle remontée et d’une gestion de cadet, je pose le vélo 5e, à quelques furtives secondes du podium.
La suite était prévisible, d’autant plus sous une chaleur accablante : une explosion progressive du moteur à pied. Et même si les diverses traversées de gué auront permis, un temps soit peu, de refroidir la machine, les derniers 500 mètres seront de trop : 2 places perdues. 7e à l’arrivée.
Objectivement, très satisfait du résultat après de longs mois de mononucléose. Même si, comme souvent, l’essentiel était ailleurs. Dans le plaisir fou de se dépasser à nouveau, dans l'émerveillement face à des tracés de cette qualité.
Kaleidoscope enivrant. Périple enthousiasmant.

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Pour autant, on a pour habitude de considérer que le bonheur n’est réel que lorsqu’il est partagé. Aussi, ayant imaginé cette aventure à deux, il était encore trop tôt pour conclure quant à un déroulé parfait. Un match restait à livrer, une ligne d’arrivée à couper. Il était l’heure pour Alicia d’entrer en piste. Et si le soleil désormais brillait au zénith, témoignage d’une extraordinaire matinée, il ne préfigurait rien quant à la globalité de la journey (jeu de mot avec le double sens anglais/français).

Au menu des réjouissances donc, un enchaînement plus lisse : 21 km d’un trail local organisé en marge du Xterra. La mission, elle, toujours aussi complexe, à savoir venir se hisser sur la boîte de cette première édition du genre.
Pour ce qui est du parcours, il offrait de découvrir la face sud du Fran Se Kop, une des montagnes en surplomb du lac Eikenhofdam, qui suggère par conséquent des vues spectaculaires sur la vallée de l’Elgin. Preuve, s’il en fallait une, que les possibilités d'explorations en Afrique du Sud sont innombrables ; puisqu’avec un même site de départ, il aura été possible d’envisager des traces complètement différentes et particulièrement abouties. À la faveur d’une première demi-heure de course tonitruante et maîtrisée, le voile s’est levé sur la nature des émotions qui allaient nous parcourir : un haletant mano à mano pour la seconde place. 25 secondes de retard au kilomètre 10, 55 secondes à la suite d’une rencontre impromptue et hypnotique avec des antilopes. Ici, chaque envolée hors des sentiers battus nous rappelle ô combien la faune et la flore sont d’une diversité époustouflante.

Malgré un beau rapproché en seconde partie sur des portions plus raides, l’interminable ligne droite d’arrivée tracée sur la plage viendra sceller l’issue de la course. Alicia coupera la ligne à une dizaine de secondes de la 2e place. Cabane sur le chien ! Mais quoi de mieux qu’une cabane et qu’un ciel illuminé pour venir conscientiser une journée resplendissante du lever au coucher de soleil. (cf photos)

Parfois, la course ne se mesure pas uniquement en kilomètres, mais en émotions. Chaque foulée, chaque virage, chaque coup de pédale devient une victoire sur soi-même

Circuit de prédilection débloqué !


Si l’Afrique du Sud a longtemps été convoitée pour ses minerais, c’est autour de Stellenbosch que se trouvent, à mon sens, les plus précieux gisements. Cette ville universitaire, considérée comme un des joyaux touristiques de la province du Cap occidental, est principalement réputée pour son architecture de style cape-dutch et pour les vignobles qui l’entourent.

Mais c’est aussi et surtout une terre sacrée du VTT. À tel point que depuis une bonne dizaine d’années, les pro riders ont pris pour habitude d’y peaufiner leurs préparations. Il faut dire que la destination a tout de l'eldorado pour les pilotes chevronnés. Un climat ensoleillé presque toute l’année, une multitude de shops healthy, et bien entendu une quasi-infinité de trails pépites. La ville offre en effet un accès direct sur des parcs naturels truffés de chemins spécialement aménagés pour la pratique du tout terrain. Jonkershoek, Boschendal, Bottelary Hills ou autant de spots 22 carats. Si les dénivelés sont, de manière générale, moindres que dans les Alpes, la manière dont la terre y est travaillée procure une vitesse et un flow uniques.

Aussi, il n’est pas exclu qu’après quelques heures à jouer dehors, une poussière d’ocre vienne orner vos vêtements. Elle témoigne quasiment toujours d’une journée riche, passée à rouler sur des tracés bijoux entre copains. Et ce trésor-là, croyez-moi, c’est l’un des plus précieux au monde !

Historiquement, un point de passage de la compagnie des Indes orientales, la péninsule du Cap me semble aujourd’hui être une escale obligée pour les passionnés de l’outdoor. Ses paysages à couper le souffle, son incandescente lumière et ses terres d’ocre nous ont en effet subjugués. Le sablier s’est certes écoulé entre l’instant de la conviction et de la réalisation. Mais il nous rappelle à quel point il est important de ne jamais perdre de vue ses rêves d’enfant. Car patience est mère de sûreté.

 

Texte de Maël Desrieux

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