"Bleu Nuit" met en lumière le ski freestyle et la danse classique en révélant les similitudes et les singularités. Ce court-métrage propose une approche esthétique des deux disciplines : on s’attache à la performance artistique et aux émotions qu’elle suscite. Un film de 3 minutes 50 qui met en scène Matéo Socquet en ski freestyle et Amélie Vital en danse classique. Réalisé par Aurèle Mayol, le film a été soutenu par les marques Dynastar, Look et Lange.
Peux-tu nous dire ce qui t’a inspiré pour créer ce film qui met en lumière le ski freestyle et la danse classique ?
L’idée du film est venue d’une réflexion menée avec Matéo Socquet, le skieur. Nous avions envie de poser un regard neuf, d’apporter de l’originalité à un film de ski pour nous démarquer d’un flot de productions assez similaires. Nous souhaitions aborder le ski freestyle sous un angle original. En mariant la danse classique et le ski, nous voulions donner une image artistique de la discipline, une image séduisante, une image novatrice sans s’attacher forcément à la performance sportive. Les athlètes Matéo Socquet et Amélie Vital jouent un rôle central dans ton film.
Comment as-tu rencontré ces athlètes et qu'est-ce qui t’a convaincu de les choisir pour ton film ?
Matéo Socquet est un ami d’enfance avec lequel nous avons partagé beaucoup de choses, Matéo est skieur professionnel, il pratique les disciplines du big air et du slopestyle sur le circuit coupe d’Europe notamment. Nous avons participé à plusieurs films de ski et ce film est notre premier projet « personnel » dans lequel chacun a pu s’exprimer à sa manière. Nous avons imaginé le film ensemble et Arthur Tillier, ancien skieur freestyle professionnel maintenant vidéaste, s’est associé au projet en venant m’épauler à la réalisation et en apportant son expertise d’athlète.
Amélie Vital est venue se joindre au projet par le biais de connaissances communes, ancienne danseuse classique élève du conservatoire de danse d’Annecy elle convenait parfaitement à nos attentes et a su proposer la prestation que nous cherchions.
Une image novatrice sans s’attacher forcément à la performance sportive
Dans « Bleu Nuit », tu explores les similitudes entre le ski freestyle et la danse classique. Peux-tu nous expliquer quelles sont, selon toi, les principales similitudes entre les 2 disciplines ?
La danse classique s’est imposée : elle est la discipline par excellence du corps en mouvement, du corps modelé, du corps éprouvé, du corps travaillé pour atteindre la perfection du geste. De même, le ski freestyle met à l’épreuve un corps soumis à la répétition des mêmes figures. Les deux sports montrent des mouvements aériens, des rotations, des figures répétées pour gagner en amplitude. Les deux sports jouent avec l’occupation de l’espace. Et le parallèle nous paraissait judicieux et intéressant pour faire un court-métrage.
La danse classique s’est imposée : elle est la discipline par excellence du corps en mouvement
Dans le film, on peut voir la fluidité et la grâce d'Amélie dans la danse classique, tout comme la puissance et la précision de Matéo dans le ski freestyle. Comment as-tu travaillé avec les athlètes pour mettre en avant ces aspects dans leurs performances respectives ?
Les images de ski ont été tournées au mois de décembre à Ruka en Finlande où les journées sont très courtes avec des températures qui frôlaient souvent les -30°c ; c’est donc dans des conditions auxquelles nous n’avions jamais été confrontés de manière durable que nous avons dû travailler. En partant, nous avions tous les trois des idées de tricks, de plans, mais sans précision, car nous devions nous adapter aux conditions climatiques (températures, neige), mais aussi aux modules présents pour que Matéo puisse exercer sa pratique. Nous faisions chacun des suggestions, avions des discussions sur la faisabilité des figures et des plans tout en ayant en tête des figures qui pourraient par la suite être mises en corrélation avec des mouvements de danse. La démarche pour filmer la danse a donc été différente, nous avons fait un premier montage avec les plans et figures de ski déterminés à l’avance pour qu’Amélie puisse s’en inspirer et travailler des mouvements similaires. De son côté, Amélie nous proposait des mouvements auxquels nous suggérions des modifications pour mieux coller à nos images de ski.
Notre volonté encore une fois était de mettre au coeur du film l’aspect esthétique
Le film ne dure que 3 minutes et 50 secondes, mais il capture de nombreuses émotions et une esthétique impressionnante. Comment as-tu réussi à condenser autant de contenu artistique en si peu de temps ?
Notre volonté encore une fois était de mettre au coeur du film l’aspect esthétique, la lumière des nuits finlandaises y est pour beaucoup, le travail de lumière de la partie danse grâce à l’aide de Florian Cabanes (technicien de la Salle Léon Curral à Sallanches), permet aussi ce partage d’émotions transmises par l’image. Notre souhait était que le film marque par son esthétisme, il fallait du rythme, il fallait une alternance équilibrée, mais dynamique des 2 disciplines, il fallait des images variées, mais pas de répétition pour ne pas lasser le spectateur. L‘équilibre était difficile à trouver, nous n’avions pas énormément de plans finlandais, il a fallu décortiquer, analyser, associer, modifier… Tout l’enjeu était de proposer une succession de plans qui « marche » et qui maintienne l’attention du public. Le fait de monter les images à deux, avec Arthur Tillier, a été une grande richesse : nos échanges, critiques, modifications ont été fructueux. Le regard de Mateo sur les images était important, nous avions besoin de connaître son ressenti de sportif. Bleu Nuit offre une perspective esthétique sur ces disciplines.
Peux-tu nous parler du choix de la musique pour renforcer cette esthétique ?
Le choix de la musique d’autant plus qu’une seule est utilisée sur ce film, était très important. Je souhaitais d’abord utiliser de la musique classique, finalement c’est un peu par hasard qu’en réécoutant la musique du « Monde intérieur » de Toh Imago s’est imposée. Toh Imago est un producteur du label InFiné qui construit des musiques inspirantes à partir d'échantillons de sons de la nature, d'océans ou de cassettes VHS d’enfants,
En tant que réalisateur, quel message ou émotion espères-tu transmettre au public à travers ce film ? Quel impact espères-tu qu'il ait sur les spectateurs ?
Ce film a une visée esthétique et contemplative. J’avais envie de mettre en lumière ces athlètes à travers des images peu communes et aussi belles que possible. Nous espérons que le parallèle entre les 2 disciplines convaincra les spectateurs et qu’ils seront sensibles à l’esthétique des images.